Repéré par France Inter
dès 1999 grâce à une démo qui sera suivie
d'une seconde maquette l'année suivante, La Blanche fait
partie de ce fourmillement de jeunes groupes français attachés
à leur culture musicale francophone, qui parviennent à
dépasser les barrières commerciales et des gros réseaux
de médias pour séduire un public de plus en plus nombreux
avec leur poésie moderne.
En effet La Blanche a participé à de nombreux gros
festivals comme Le Printemps de Bourges et les Francofolies de
La Rochelle avant de rencontrer en studio Gilles Martin (Miossec,
Autour de Lucie...), qui a eu un véritable coup de foudre
pour sa musique colorée de chanson française, pop
souvent dansante, où les textes racontent des histoires
bien écrites (pas toujours très drôles) par
Eric La Blanche (son écriture est influencée par
toutes les grandes plumes de la chanson française : Brassens,
Léo Ferré, Gainsbourg, les paroliers de Bashung...)
et incitent à déplier le livret pour lire ses propos.
Et quand il reprend les textes d'un autre, il honore Aristide
Bruant (1851 - 1925, artiste et chanteur populaire parisien qui
fit les beaux jours du Chat Noir à Montmartre puis du Mirliton,
l'homme au grand chapeau noir souvent dessiné sur les affiches
de Toulouse Lautrec) avec Les canuts (cf la condition des ouvriers
tisseurs de soie au XIX siècles installés dans le
quartier de la Croix Rousse à Lyon et les événements
tragiques de 1830).
Les 5 musiciens et membres actifs de La Blanche sont issus d'horizons
musicaux différents ce qui explique les orientations mélodiques
entre electro (pour le côté dansant) et pop rock
corrosive où l'on rencontre le violoncelle de Raphaële
Murrer (La mauvaise foi), les cocottes funky des 2 guitaristes
(Christophe Blanchet, Colin Lequeu) sur La piscine (un point de
vue peu joyeux sur ce lieu aquatique et premier single extrait),
les 4 cordes graves d'Emmanuel Chicon sur l'étrange histoire
évoquée dans les paroles d'Approche (une relation
amoureuse hors norme), sans oublier les fûts de Stéphane
Cargnino qui rythment 11 des 12 chansons (le titre Te dire étant
totalement acoustique).
La Blanche renoue avec une tradition musicale qui pouvait sembler
tomber dans les oubliettes, elle invente une électro pop
moderne à textes, estampillée Made in France. Ce
premier disque financé par le RMI (d'où le titre
en l'honneur de son instigateur : Michel Rocard) est un bon coup
d'air frais dans un style où l'on croyait que seul le côté
mercantile comptait pour les maisons de disques. Son talent devrait
la conduire très loin, nous le lui souhaitons.
|