Gordon Gano, ex-leader du groupe culte Violent Femmes, combo
de folk rock alternatif affichant vingt ans de carrière,
n'est pas homme à changer son fusil d'épaule. Maître
d'uvre d'Hitting the ground, il a su insuffler à
cette opus collectif toute la sécheresse poussiéreuse
de son berceau mental, un univers où l'on s'efforce de
viser avant de parlementer.
Une brochette d'artistes prestigieux y tire à bout portant,
directement dans l'estomac, à commencer par P.J. Harvey
en réincarnation de Calamity Jane, qui justifie son statut
d'enfant terrible sur le titre éponyme. Autre malfaiteur
dans cette veine virile, Franck Black ne fait pas figure de danseur
étoile. Son Run est abrasif et brutal, exécuté
sans l'aide de ses fidèles Catholics, mais tout en sentant
la bonne sueur, celle qui colle sous les aisselles. Quant à
Gordon Gano, il se charge lui-même des aérations
acoustiques (Make it happen et It's money), narrations rédemptrices
du hors-la-loi solitaire.
Les déceptions viendront avec Mary Lou Lord qui pleurniche
en attendant le retour de son homme et Gaëtan Roussel qui
nous la joue Brel en vacances à Bâton Rouge. Le western
tourne au vinaigre et le shérif Gano rappelle les gros
bras. Mais le sergent Lou Reed, habituellement plus subtil, remplit
seulement le cahier des charges en psalmodiant un Catch 'em in
the act sur fond de boogie rock.
Au bout du compte, seul John Cale fait la part des choses en
incitant les cow-boys à faire preuve de plus de sincérité.
A quoi bon tricher, on finira tous de la même manière
: à joncher notre sol natal.
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