Shirley Horn vend moins de disques que Diana Krall ou Norah Jones.
Et pourtant !
Celle qui fut parrainée dans les années soixante
par Miles Davis dut attendre les années quatre-vingt dix
pour connaître la consécration internationale. La
finesse de son chant peut rappeler le souffle de la trompette
de Miles ou celui de Chet Baker, elle sait aussi se faire grave
(écoutez Everything must change), se gorger de notes bleues
(Forget me) et jouer avec les changements de rythme. Elle maîtrise
à merveille l'utilisation des silences pour mieux utiliser
la mélodie, chargeant celle-ci d'une émotion rare.
Comme à son habitude, elle est accompagnée d'un
trio, piano-basse-batterie, qui porte habilement la voix de Shirley
Horn. La chanteuse hors-pair nous sert cette fois-ci quelques
standards peu joués signés Michel Legrand, Duke
Ellington ou Gordon Jenkins. A la première écoute,
on reconnaîtra des mélodies populaires comme Yesterday
de Lennon et Mc Cartney et If you go away qui n'est autre que
la version anglaise de Ne me quitte pas de Jacques Brel, version
qui fut rendue célèbre par une autre grande chanteuse,
Nina Simone.
Les écoutes suivantes nous feront pénétrer
plus intensément dans l'univers inimitable de Shirley Horn.
On notera la présence du trompettiste Roy Hargrove et celle
du pianiste Ahmad Jamal, venus prêter leur concours, chacun
sur deux titres.
A écouter d'urgence pour "que la musique ne cesse
jamais" et qu'elle demeure du grand art.
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