A une époque où le copier/coller est de mise, le
guitariste Romane se détache de tous les autres héritiers
de Django Reinhardt en livrant une lecture tout à fait
inédite de l'uvre du maître.
Le choix des titres d'abord. Pas les plus connus, mais ceux qui
sont certainement les plus modernes, les plus ambitieux et par
là les plus enclins à être retravaillés.
Le choix des instruments ensuite, une formule orchestrale que
Django n'avait jamais utilisée, guitare, orgue Hammond,
basse et batterie, mais qui a déjà produit de somptueux
enregistrements dans l'histoire du jazz.
Le choix des musiciens pour finir, qui mieux que Benoît
Sourisse, André Charlier et Marc-Michel le Bévillon
pouvait soutenir un tel projet ? Rythmique hors-pair qu'on a entendue
aux côtés de Didier Lockwood à la fois discrète
et terriblement efficace.
On est étonné et conquis dès l'ouverture
lancinante de Lentement mademoiselle, on approuve en souriant
le rythme reggae sur La pêche à la mouche et on jubile
au rythme funky de Mabel. Quant à la guitare du leader,
qu'elle soit acoustique ou discrètement électrifiée,
elle offre à nos oreilles un doux swing, naturel et entraînant.
Si Django avait vécu plus longtemps, aurait-il fait évoluer
sa musique vers celle que nous propose Romane ? Nul ne peut le
dire. Mais le travail de Romane reste une ouverture possible et
sa Djangovision est superbe. A écouter sans retenue.
|