Diana Krall est parvenue depuis plusieurs années à
être une pièce maîtresse du jazz actuel, son
précédent album en studio paru en 2001 : The look
of love s'est vendu à plusieurs millions d'exemplaires
et sa prestation enregistrée et filmée dans la mythique
salle du boulevard des Capucines a connu un succès similaire.
Il ne lui était pas facile après un tel parcours
de trouver l'inspiration pour ce septième album.
Pourtant en compagnie de son mari : Elvis Costello, ils ont trouvé
une suite logique qui permet à Diana de sortir des standards
du jazz qui collent si bien à sa voix et à son jeu
de piano. Elle a composé et apporté des idées
pour les textes de son mari, ils y ont ajouté quelques
reprises bien choisies : Temptation de Tom waits, Black Crow de
Joni Mitchell, Stop this world de Mose Allison (un splendide blues
illuminé par la voix de la chanteuse pianiste) et Almost
blue qu'écrivit Elvis Costello au début des années
80.
Une fois les bases de ce nouvel opus posées, il ne restait
plus qu'à former un quartet qui réponde au quart
de tour, rien de plus facile quand on se nomme Diana Krall. Elle
est accompagnée suivant les pistes par : John Clayton,
Christian McBride, Jeff Hamilton, Peter Erskine, Terri Lyne Carrington
et Anthony Wilson, des musiciens qu'elle connait particulièrement
bien puisqu'ils étaient déjà sur le précédent
disque.
Si l'ambiance est toujours intimiste, digne d'un bon piano bar,
on s'aperçoit que la dame bifurque parfois du son jazz
classique pour titiller des sonorités un peu plus pop (Love
me like a man, Departure bay) dont l'on trouvait les prémices
sur l'album live avec sa reprise de Just the way you are de Billy
Joel et celle de Joni Mitchell. Même le son choisi pour
la guitare est moins rond. Cette légère modification
n'a rien de choquante, bien au contraire, le jeu de piano modère
l'évolution, une chanson comme I'm pulling through est
suffisamment sensuelle pour vous faire fondre dès les premières
notes. Stop this word est digne d'un prochain hit, la rythmique
sobre laisse une grande place à la chanteuse pianiste canadienne.
Diana Krall évolue en douceur vers un répertoire
un peu plus original qui ne choquera pas son large auditoire.
On sent derrière ces 12 titres un gros travail de réflexion
et un souci constant de combler le public avec de nouvelles idées.
Encore un très bon album de la dame.
Enfin Diana, vous nous avez entendu ! Enfin vous avez abandonné
le coté glamour de votre album précédent
The look of love, succès planétaire peut-être
mais tellement englué de violons sirupeux quil occultait
la fraîcheur de vos premiers enregistrements.
Vous avez quitté tout cela pour être tout simplement
The girl in the other room. Lhistoire dune
jolie femme qui se dévoile sans rien cacher ni de ses émotions
ni des événements qui ont traversés son existence.
Les adaptations des pop songs de vos idoles, ceux qui sont les
refrains de votre vie, Joni Mitchell et Tom Waits sont dune
grande beauté; vos compositions révèlent
votre personnalité musicale et votre signature commune
avec Elvis, le Costello de votre vie ne peuvent que laisser des
traces indélébiles dans la mémoire de vos
admirateurs.
The girl in the other room est le plus personnel de vos albums;
votre voix y fait merveille et nous envoûte lorsquelle
vire dans les graves sans jamais frôler la gravité.
Vous martyrisez peut-être moins le clavier du piano mais
ce nest que pour laisser votre coeur amoureux battre encore
mieux au travers de vos doigts.
Vous nous êtes revenue, belle canadienne, et si nous vous
avions critiqué ce nétait que pour mieux vous
aimer et souhaiter vous revoir parmi nous. Votre jazz est magnifié
par la basse de Christian MacBride, les balais de la batterie
de Peter Erskine et la guitare de Anthony Wilson. Vous nous faites
plaisir en vous faisant plaisir ! En osant dire non aux artifices
commerciaux pour mieux montrer à tous ceux qui vous ont
découvert récemment que vous cachiez le meilleur
de vous-mêmes : la beauté de cette femme dans lautre
pièce .
Merci pour ce cadeau que vous faites à tous: celui de
lauthenticité de la grande artiste que vous êtes
tout simplement !
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