Jim White n'est pas un chanteur comme les autres. Il ne fait
pas de chansons du reste. Il propose de « partir »
en expérience avec lui.
Humain aux milles vies, fils spirituel des meilleurs chanteurs
lo-fi, acteur né pour incarner les personnages décalés
de David Lynch, Jim White retrouve sur ce troisième opus
le charme des précédents avec un truc en plus qui
fait que la poussière gratte à la gorge et que paradoxalement
cela passe comme du miel à la poste.
Un papillon virevolte sur ces 10 longues histoires d'Amérique
profonde en venant parfois se reposer sur une bouteille de Coca
broyée par une main de fer. Celle des géants du
Sud, celle de l'ennui, des mirages et du pas feutré d'un
chanteur à la voix langoureuse et percée de doute.
Mélangeant les compositions enlevées comme Static
on the radio à des titres plus intimistes dans le genre
d'un Bluebird, « Perces un trou dans cette fondation et
dis moi ce que tu vois » est un titre d'album excellent
pour ce bâtisseur d'univers insolites sachant s'entourer
d'enluminure sur ses compositions.
Faisant appel cette fois, après Morcheeba sur le précédent
disque, à des personnes comme Joe Henry à la production,
Aimee Mann ou Chocolate Génius pour l'accompagner sur la
route inhospitalière de son cerveau, Jim White reste et
restera toute sa vie un extraterrestre sur cette planète
faite de profits, de bravoure et de gloire. Lui c'est le juste
milieu, le sable du désert et la guitare en forme de fusil
qui le poussent à poursuivre sa longue chevauchée
fantastique. C'est ce que l'on aime chez ce perdant magnifique.
Envoyons lui un grand coup de chapeau pour le féliciter.
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