Depuis la fin des années 70, Arto Lindsay reste un artiste
insaisissable et inclassable. Guitariste bruitiste et chanteur
hurleur avec le combo DNA, fondateur avec le saxophoniste John
Lurie des Lounge Lizards, innovateur incroyable aux côtés
de Peter Scherer dans les Ambitious Lovers, il a participé
aux Golden Palominos, groupe à géométrie
variable dirigé par le batteur Anton Fier. Il a par la
suite collaboré avec des artistes aussi varié que
David Byrne, Caetano Veloso, John Zorn ou Laurie Anderson. On
a pu le voir l'année dernière aussi bien aux Eurockéennes
de Belfort qu'au festival de Jazz à Vienne.
Sa carrière solo, riche de six albums, l'a dévoilé
amoureux des rythmes brésiliens, (il est né au Brésil)
mais loin des clichés habituels, il redessine les contours
de la bossa nova avec des touches d'électro, des guitares
décalées, des percussions et des arrangements soignés.
Les dix morceaux de cet opus sont autant de chansons pop-world
nonchalantes aux mélodies acidulées. Qu'il chante
en anglais ou en portugais, la réussite est la même.
Melvin Gibbs s'occupe des programmations et nous gratifie de belles
lignes de basse, le guitariste Vernon Reid déploie des
lignes claires ou plus torturées. On appréciera
tout particulièrement Into shade, morceau qui rappelle
les premiers albums de Mickael Francks pour sa nonchalance et
ses arrangements subtils.
Salt est un album au charme insidieux, on l'écoute avec
plaisir, on le réécoute avec envie et on n'arrive
plus à s'en passer. Une musique qui colle à la peau
et qu'on garde en tête.
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