Comment faire pour renouveler un son ? Par quel concept attirer
des auditeurs conquis d'avance ? Quoi inventer pour rester au
sommet de la " branchattitude " ? Et bien demandez à
Björk !
Malgré la consécration de Vespertine en 2001, il
était certain que Björk commençait à
tourner en rond. Venant d'une île trop petite pour faire
les cent pas dans la même direction, cette artiste libre,
mère de la musique post-industrielle accessible et non-conformiste
retourna donc à ses premiers amours : le chant.
Voilà le concept de départ de Medùlla, retrouver
la catharsis du son par l'onde vocale. A capela mais pas sans
ressource, ce dernier opus est une offrande ludique qu'elle s'offre
en compagnie de gens aussi variés que Robert Wyatt, Mike
Patton ou Rahzel, l'ex human beat-box des Roots.
Medùlla qui signifie 'l'essence des choses' est une plongée
sous oxygène dans le monde marin (Oceania) ou dans une
clairière bordée de soleil (Who is it ?). Ce pari
risqué, aura donc pris 3 ans à se construire, pour
aménager des entrées et des sorties dans des directions
multiples en gardant le soin de rester dans la maison islandaise.
On ne se retrouve jamais étranger à l'écoute
de l'album et le postulat difficile au départ n'est pas
une énième idée rébarbative à
l'oreille.
Prenant parfois des sons pendant des ballades pédestres,
captant et compilant des sifflements, des susurrations, pour terminer
d'être enregistré sur l'île volcanique la Gomera,
Medùlla est finalement plus Homogene que ses prédécesseurs.
Comme elle le dit si bien elle-même : " il y a une
multitude de petites choses qui s'encastrent joliment sur ce disque
".
Très ancrée dans un traditionalisme, avec par exemple
ce Vokuro où la chanteuse, en compagnie de 20 churs
Islandais, réinventent une composition écrite initialement
au piano, ce disque est une victoire non seulement pour ses compositions
enlevées mais également pour un jeu de recherche
sur qui fait quoi et surtout comment ? On n'a pas idée
de ce que peuvent sortir les cordes vocales entraînées
et managées par Björk.
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