Si le nom de Claudine François n'est pas des plus connus,
c'est qu'elle est de ces musiciennes exigeantes qui n'encombrent
pas les bacs des disquaires de disques inutiles. Lonely Woman
est son quatrième enregistrement en vingt ans de carrière
discographique. Pianiste de formation classique, Claudine François
a depuis longtemps métissé sa musique avec des composantes
jazz ou africaines.
C'est entourée de somptueux accompagnateurs qu'elle nous
livre ce Lonely woman ; Jean-Jacques Avenel, contrebasse et John
Betsch, batterie, c'est à dire la paire rythmique du regretté
Steve Lacy, et le sous-estimé Steve Potts aux saxophones
alto et soprano.
La pianiste déploie un jeu explosif et expressif entre
McCoy Tyner et Don Pullen mais avec une sensibilité et
un lyrisme qui lui appartiennent. Les arrangements sont périlleux
à souhait, John Betsch imprime des rythmes puissants et
assure des relances efficaces, Jean Jacques Avenel donnant libre
cours au chant de sa basse. Quant à Steve Potts, il n'a
jamais semblé aussi à l'aise.
La musique renvoie au franc-tireur du jazz, de Thelonious Monk
(Ugly Beauty) à Ornette Coleman (Lonely woman, Law years)
ou encore la composition de la pianiste, Flying Eagle, dédiée
à l'un de ses compagnons de route, le saxophoniste amérindien
Jim Pepper.
Ce disque contient tous les ingrédients d'une belle réussite
ainsi qu'une liberté d'expression rassurante. Passionnant
du début à la fin.
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