Quel saxophoniste actuel, alto qui plus est, nierait avoir été
influencé par Charlie Parker ? Aucun sans aucun doute.
Il faut bien le reconnaître, "Bird" fut et restera
un des musiciens les plus importants de l'histoire du jazz, s'il
fut l'un des créateurs du be bop, il sut aussi repousser
les frontières stylistiques et techniques du saxophone,
portant l'art de l'improvisation au pinacle durant des jams sessions
endiablées.
On avait laissé Stefano di Battista dans la douceur de
son Italie natale, c'est par l'Amérique qu'il nous revient
pour un brillant hommage à Charlie Parker. L'enjeu (le
jeu) est risqué sans doute, mais qui mieux que lui est
capable de relever ce défi, tant il est vrai que depuis
son arrivée sur la scène jazz, le saxophoniste transalpin
a su trouver à chaque enregistrement la note juste.
Les attaques sont incisives, la qualité du swing irréprochable
et même lorsqu'il reprend à la lettre les arrangements
de Bird, on constate encore toute la modernité du propos.
Un rêve de gamin sans doute qui se voit concrétisé
et les auditeurs que nous sommes redemandent des fantasmes de
la sorte.
Stefano se lance à souffle éperdu dans des soli
débridés, accompagné de ses compatriotes
Rosario Boacorso à la contrebasse et Flavio Boltro à
la trompette. Pour clore l'affaire, deux musiciens américains
sont conviés, en choisissant Kenny Barron comme pianiste,
il légitime d'autant cette entreprise. Celui qui fut l'accompagnateur
de Dizzy Gillespie, Stan Getz ou Charlie Rouse est ici en terrain
plus que connu, balisant de ses accords toutes les compositions
qui furent au répertoire de Charlie Parker. Et que dire
d'Herlin Riley, batteur originaire de la Nouvelle Orleans, habitué
lui aussi à jouer avec les plus grands d'Ahmad Jamal à
Wynton Marsalis.
Tempos rapides, blues ardent, standards incontournables se suivent
avec une facilité déconcertante. Un petit bémol,
le son du saxophone est parfois un peu trop en retrait, trop lointain.
Mais cela semble finalement bien anecdotique.
L'oiseau Battista a définitivement pris son envol, embarquant
avec lui toute la cage et son contenu. Puisse cet envol monté
jusqu'aux oreilles de Bird
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