Cest toute la discographie de
Lavilliers qui devrait sappeler du titre de ce dernier opus.
On y verrait surtout dans ces dernières pages si fragiles,
celles où lartiste suivant un mûrissement inexorable
prend du poids et senlise dans le convenu, un Bernard Lavillier
revigoré par la marée montante dun océan
pacifique.
Lavilliers aurait selon ses propres termes retrouvé le
plaisir. Plaisir décrire, de jouer et de chanter.
Toujours autant bourlingueur il samuse à chanter
que ce nest pas lui qui a fait les voyages mais bien les
voyages qui lont fait. Si cet album sonne si juste, tout
en retenu mais jamais convenu, il le doit en particulier au retour
en place dun vieux grognard du clan du stéphanois
: Mino Cinelu, percussionniste dexception.
Avec Mino et dautres musiciens qui connaissent déjà
le personnage ils sont partis à Kingston, simplifiant les
structures mélodiques au plus proche des mots. «
Cassés de lEst, stressés de lOuest,
Rusés du Nord, usés du Sud, vers quelle certitude,
vers quelle latitude, vers quelle lassitude, allez vous ? »
chante cette étoile polaire du guide du routard. Cest
surtout dans ses duos que Lavilliers frappe très fort,
tout dabord avec Cesaria Evora dans Elle chante puis par
une mixité avec lAfrique et Tiken Jah Fakoly pour
une Question de peau.
Thématisé autour de linjustice, de la femme
et du monde malade cet album sonne juste et mérite une
écoute attentive. Du soleil brûlant aux grands espaces
polaires, des silences des plaines arides au tumulte de la Jamaïque,
Lavilliers reste pourtant un capitaine qui tient le cap. Merci
Bernard.
En
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