Richard Galliano avait déjà enregistré en
trio avec des musiciens américains, c'était en 1996
pour l'album New York Tango (un des titres servit même de
bande-son à une série policière diffusée
sur France 2, PJ). Il s'était alors entouré d'Al
Foster et de George Mraz. Il récidive avec la même
formule instrumentale en changeant de personnel ; Larry Grenadier
se voit confier la contrebasse et Clarence Penn est derrière
la batterie.
Bien que la pochette le laisse présager, cet album n'a
pas été enregistré à New York ; la
prise de son s'est effectuée en public à Orvieto,
en Italie le 1er janvier 2004 (peut-on rêver d'un plus beau
jour de l'an ?). Au fil des neuf titres, on découvre un
trio superbe, trois musiciens à l'écoute, vigilants
et inspirés qui nous servent un très grand moment
de musique.
Richard Galliano parvient à donner une douceur inhabituelle
au Ruby, my dear de Thelonious Monk, fait swinguer avec audace
et sensibilité la Gnossienne N°1 d'Erik Satie sans
lui ôter son orientalisme, réussit à tirer
des larmes de son accordéon dans des aiguës qui le
rapproche de la sonorité d'un harmonica, livre avec L'insidieuse,
une valse swing inédite et reprend de façon deux
de ses standards, Spleen et Waltz for Nicky.
Mais si cet album est une réussite, on le doit aussi aux
deux musiciens qui accompagnent l' accordéoniste, Larry
Grenadier avec le chant de sa contrebasse, à la fois puissante
et lyrique et Clarence Penn qui distille des rythmes de façon
subtil.
De là à penser qu'il est indispensable de se procurer
Ruby, my dear, il n'y a qu'un pas à franchir. Nous l'avons
déjà fait.
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