Si la carrière discographique de certains artistes sont
faites de hauts et de bas, celle du pianiste Franck Avitabile
suit une courbe exponentielle. Son précédent enregistrement,
Bemsha
swing était déjà radieux, ce Just play
enregistré en solo le hisse encore vers des sommets plus
élevés.
Et ils y pensent tous les pianistes à cet enregistrement
en solo depuis le Köln Concert de Keith Jarrett ou Alone
de Bill Evans. Franck Avitabile a choisi de jouer une majorité
de compositions originales. Just play dit-il, mais quelle part
laisse-t-il à l'écriture ? L'ensemble n'a pu être
simplement improvisé, des bribes de mélodies étaient-elles
déjà en tête, des précédentes
improvisations avaient-elles poussé le pianiste au fond
de lui même ?
Cessons de nous poser toutes ces questions pour simplement savourer
cette uvre bourrée de bonnes intentions, doublées
d'un jeu très enjoué et dénué de toute
exubérance inutile. On admirera la générosité
du propos sans prétention aucune. Dès Résonance,
titre qui ouvre le disque, on est de suite au plus près
du piano, transporté vers une évocation toute romantique.
On peut d'ailleurs saluer la performance de l'ingénieur
du son, René Ameline, tant son travail semble indissociable
de celui du pianiste.
Les compositions originales restent ancrées dans la tradition
jazz mais la touche classique n'est jamais absente pour autant
(vous pourrez toujours jouer avec vos amis pour citer des noms).
Le swing est là aussi, les harmonies déliées,
et la musique toujours lisible. Les trois derniers morceaux ne
dépareillent pas, My Romance, Nature boy, un brin solennel
et Smile de Charles Chaplin, ressorti de l'oubli par Jacky
Terrasson sur l'album du même nom, complètent
l'ensemble.
Franck Avitabile signe à trente-trois ans seulement, un
enregistrement d'une grande maturité, majestueux, dans
lequel il dévoile son univers. Alors Just play, juste pour
notre plaisir.
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plus sur Franck Avitabile.
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