Dèjà l'an dernier, Tony Simon alias Blockhead montrait
l'étendu de son talent avec un précédent
album, Music
by Cavelight, qui fit l'effet d'une bombe atomique dans le
paysage abstract hip hop. Loin de se cantonner à maugréer
le succès de cet excellent premier album, le producteur
revient avec cette chronique de la vie new-yorkaise représentée
par Downtown science.
A l'écoute de cette toute nouvelle collection de morceaux,
on s'immerge totalement dans le downtown de Manhattan cher à
notre homme. Simon présente ici sa propre bande originale
de la City où l'on croise l'ombre d'un DJ Shadow sur un
titre comme Expiration date. Avec un Roll out the red carpet,
il parvient à nous mener dans un univers dramatique où
les trompettes s'entêtent à dessiner une atmosphère
angoissante.
Loin de nous faire fuir, la visite se poursuit et on s'arrête
sur un Stop motion traffic où l'on tombe nez à nez
avec une filature, en pleine rue, tout s'agite sur un rythme saccadé
qui n'est pas sans rappeler le meilleur de Nerd. Alors qu'on parvient
à reprendre ses esprits, on se retrouve subitement dans
un petit club sombre où quelques âmes dansent sur
un délire disco qui nous ramène aux bonnes vieilles
compiles blaxploitation des années 70 (The Art of Walking).
On n'est pas encore au bout de nos surprises, le producteur a
plus d'un tour dans son sac et nous le prouve avec Good block
bad block. Les guitares saturées façon RATM viennent
chevaucher une flûte lancinante, une drôle de fusion,
à la limite de l'indescriptible tant la pièce est
originale. Le superbe instrumental hip hop A quiet storm viendrait
clôturer l'album qu'il n'y aurait aucune hésitation
à proclamer Blockhead comme le nouveau poids lourd de l'écurie
Ninja Tune. Mais il reste ce Long walk home, ultime plage du disque,
qui viendra poser la cerise sur un gâteau d'une exceptionnelle
richesse.
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