Un nouvel album de Jean-Louis Aubert, c'est chaque fois cette
même énigme : comment un tel concentré de
naïveté et de mélopées doucereuses peut-il
nous emmener avec lui ?
Idéal standard, comme un emblème, nous donne la
clé : la guimauve, ça colle aux dents. Jusqu'à
ne pas pouvoir s'en dépêtrer, jusqu'à se surprendre
à fredonner ses paroles. Sur Comme
un accord, on avait déjà douté ("
Je me suis mis à nu au bord de la grande bleue, j'ai mis
mon cur à nu et il avait des bleus
").
Idéal standard, c'est une grosse dizaine de fois ce souffle
simpliste (" On vit d'amour quand il n'y a plus d'eau fraîche,
on vit d'amour tout au fond de la dèche "), qui scrute
de loin, depuis les vapeurs rêveuses d'une sérénité
acquise sur le tard, les années rageuses d'un légendaire
groupe de rock auquel il aurait appartenu.
De rock, ici, il n'est plus trop question. Aubert a lentement
glissé vers une chanson pop baladine (Point final), très
acoustique et bien plus arrangée, parfois rehaussée
d'un piano caressant (L'heure bleue). Si le single Parle-moi,
envoyé il y a peu en éclaireur, est plus nerveux,
formaté pour les ondes, il n'est pas emblématique
d'un album qui s'achemine vers son terme les deux pieds sur le
frein. Tellement tranquillement qu'il flirte avec le reggae (Idéal
standard). On appelle ça variété.
Alors que Michel Delpech et Alain Souchon ont sévèrement
complexifié leur registre, Jean-Louis Aubert s'assume désormais
en artiste fondateur d'une néo-naïveté désarmante.
Et puisqu'on lui offre gracieusement notre temps de cerveau humain
disponible, il aurait tort de garder pour lui son message d'amour
universel et ses airs entêtants
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plus sur Jean-Louis Aubert.
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