Si l'attention n'y était pas, on aurait bien trop vite
fait de classer ce trentenaire-là sur la même étagère
un peu poussiéreuse qu'un bobo caresseur de touches blanches
et noires. Oui mais voilà : ce titre aux allures effrontées
pour un premier opus, L'art et la manière, Florent Richard
le légitime pleinement. Pas dépressif ni cynique,
son univers exhale des effluves du Saint-Germain ancien, celui
de Vian et Gréco, et ne sent pas le café de Flore
d'aujourd'hui.
Ce musicien de carrière, contrebassiste et pianiste entre jazz (Blast) et chanson (Les Elles), se voit poussé par son entourage à l'interprétation. Sa voix grave chaloupe, sans prétention, juste et chaude, sur ses instrumentations jazzy, où s'entrelacent batterie, saxophone, contrebasse et ce piano si présent, virtuose et léger.
Place à l'art, Au bout du monde et L'art et la manière sont autant de tubes simples et bien écrits, emblèmes de la collaboration fusionnelle entre Florent Richard et Pierre Chazal, son parolier de talent. Notes et mots dansent ensemble et peuplent un espace élégamment décoré, en noir et blanc ou en sépia, où planent les ombres de Sheller ou Gainsbourg.
A découvrir sans attendre, pour renouer avec la chanson française de qualité, aborder un pont pas si abrupt vers le jazz et laver ses tympans de tous ces riffs de guitares rendus furieusement indigestes par leur standardisation récente.
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plus sur Florent Richard.
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