S'annonçant entre rock acoustique et chanson électrique,
Lulu Borgia refuse la classification et irradie les genres de
son oscillation acharnée. La voix, féminine et masculine
dans la même inflexion, est celle de Lulu, chanteuse à
la frimousse espiègle qui délivre bien plus d'énergie
que sa petite carcasse ne semble pouvoir en contenir.
Sa poésie sombre, au pessimisme dissimulé derrière
un paravent coloré, habille parfaitement les orchestrations
nerveuses, crispées, dont le duo basse-guitare constitue
la colonne vertébrale. Le long de ces riffs, une batterie
fébrile, un violon frénétique et des claviers
inquiétants se greffent, pour que naisse une moelle acide
mais magnétique, qui secoue le rock français actuel.
N'y cherchez pas de slogans furieux ou de déclarations
enflammées, il n'y a ici qu'un univers entier, parfois
hermétique, parfois répétitif, qui se dessine
par petites touches successives. Celui d'une artiste tout en nuances,
dont la profession de foi pourrait être ce Je baise mes
mots au titre jouissif, plein d'esprit et de fièvre. Ces
mots-là, Lulu les écrit très volontiers dans
la marge...
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