Peut-on encore oser
dire d'une artiste qu'elle produit un album à l'ancienne
sans que cela donne une facture antédiluvienne ? Pour Barbara
Carlotti et ses Lys brisés le charme désuet de ses
voyages sur une onde douce se mêle au bruit post-apocalyptique
des avions dans les aéroports. Voilà donc le mystère
de cette fille qui nous berce par une mélancolie automnale
: un timbre de voix posé sur des guitares langoureuses,
une ambiance feutrée qui rappelle des courts-métrages
où la caméra se promène sur le moindre petit
détail.
Venue de chez Microbe
(maison de disque excellentissime parisienne qui ne signe que
du 'bon') où elle avait déjà sorti un EP
prometteur, et transférée sur un label légendaire
pour chanter l'amour hégémonique ou les amertumes
de la vie terrestre, cette jolie trentenaire nous fait humer des
parfums de femme callipyge. Ce sont ses vrais faux départs
chers au mystère cinématographique qui remplissent
nos oreilles d'ivresse.
C'est en compagnie
de Jean-Pierre Petit qu'elle produit cet album nostalgique et
mélancolique qui rendrait jalouse une Françoise
Hardy. Le piano qui se reflète dans les eaux profondes
comme naguère les compositions transcendantes de la dame
en noir est un vrai exercice de style qu'on croyait oublié.
Un rien moqueuse
sur le festival de Cannes, la robe érotico-sensuelle de
Mon corps alangui, voilà deux petits instants volés
à ce disque qui ne mérite que le succès.
Au coeur pur, rien d'impossible, c'est sûrement pour cela
que nous avons ici un petit bijou, une horlogerie artisanale qui
marche parfaitement sans que l'on n'ait rien à lui reprocher.
Ni retard, ni avance, juste à la bonne heure.
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plus sur Barbara Carlotti.
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