Après un dépôt de bilan malheureux, le label
Sketch renaît de ses cendres. Repris par les Ateliers Sawano,
un groupe japonais qui distribuait déjà le label
au Japon, ce label revient dans les bacs des disquaires avec la
même unité graphique pour les pochettes qui fit sa
renommée en plus de la qualité de ses productions
musicales. Deux enregistrements faussement jumeaux, avec des contrebassistes
comme leader qui livrent leur musique en trio piano-basse-batterie.
Rayon vert est signé du contrebassiste français
Pierre-Stéphane Michel, discret mais néanmoins actif
sur la scène hexagonale depuis les années 90. Contrebassiste
certes, mais il prouve aussi avec cet album qu'il est un compositeur
habile. Le piano a été confié à Jean-Pierre
Como dont on connaît son goût sûr pour les
mélodies. Son toucher gorgé de lyrisme sied à
merveille aux compositions du leader apportant ainsi toute la
poésie nécessaire. Le jeu alerte du batteur Frédéric
Delestré en parfaite connivence avec le contrebassiste
offre un bel équilibre rythmique. L'ombre de Bill Evans
ou de Keith Jarreth plane au-dessus de cet enregistrement plaçant
le jazz sur le versant européen.
Kyoshi Kitagawa est aussi contrebassiste, il s'est fait remarquer
aux côtés de Makoto
Ozone , Andy Bey, John Faddis ou Kenny
Garrett et joue maintenant régulièrement avec
le pianiste Kenny
Barron. Ce dernier lui rend la monnaie de sa pièce
en apportant sa caution au premier enregistrement du contrebassiste,
Prayer. Kyoshi Kitagawa met son instrument bien en avant en prenant
de nombreux solos mais aussi grâce à la prise de
son qui le place au centre des débats.
Il s'illustre lui aussi comme compositeur par quatre fois, les
cinq autres titres étant des standards signés de
grands noms du jazz américain, Wayne Shorter, Thelonious
Monk, Sonny Rollins et Ornette Coleman pour une vibrante version
de Lonely woman avec un beau solo du leader mené de main
de maître à l'archet, l'élan blues du piano
répondant à la supplique de la contrebasse. De blues
il en est souvent question dans le jeu du pianiste replaçant
ici le jazz vers ses origines américaines. Brian Blade,
comme à l'accoutumée, assure avec franchise ses
parties de batterie.
Rayon vert et Prayer sont deux disques frères mais pas
jumeaux, les deux méritent une écoute attentive.
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