Je ne tenais
pas à garder ce côté là, et les musiciens
qui jouaient avec moi étaient de la même génération
que moi, ils étaient aussi intéressés par d'autres
musiques. Pendant les répétitions, je commençais
à jouer quelques mesures de morceaux folkloriques et ils
montraient plus d'intérêt que pour d'autres choses.
C'est ainsi que j'ai commencé à intégrer ces
éléments. Et puis le public m'a encouragé dans
cette voie et me demandait, c'est quoi ce morceau que vous venez
de jouer ? Et pourtant, je détestais cette musique lorsque
je vivais en Yougoslavie, elle était tellement omniprésente
et jouée par des "bras cassés". Ca m'a réconcilié
avec l'idée que j'avais depuis toujours, cette musique là
avec ses rythmes et ses mélodies serait superbe si elle était
jouée par des musiciens de qualité. C'est ce qui s'est
réalisé avec ce premier album.
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Le
public a tout de suite adhéré à cette
rencontre. Henri Texier avait déjà eu un peu
la même démarche.
C'est
vrai, la façon dont Henri fonctionne avec ses racines
réelles ou imaginaires. C'est un grand connaisseur
des musiques africaines, de la culture bretonne et on retrouve
toutes ces influences au service du jazz, dont il est aussi
spécialiste, il connaît tous les disques et toute
la tradition de cette musique. C'est un peu comme moi, effectivement,
je vois une réelle similitude de la démarche
et c'est ce qui nous a permis de nous faire entendre plus
rapidement.
Venons-en
à votre dernier enregistrement, Transpacifik
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Comme dirait
Mingus : (prend une grosse voix) " It's the best record I never
made ! "
jusqu'au prochain.
Il
a été enregistré en trio avec des musiciens
américains, Scott Colley à la contrebasse et Nasheet
Waits à la batterie, est-ce une volonté de chercher
ailleurs ?
Oui ! Ce n'est pas que j'ai commencé à m'ennuyer ici,
loin de là. Mais le défi a été de me
retrouver dans la situation d'une rencontre éclair avec les
musiciens, misant sur le fait que ça allait être très
risqué, mais en sachant que le résultat pourrait être
très bon. On a répété pendant deux après-midi
et on a enregistré en trois après-midi. Et après,
tchao !
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Et
ça a fonctionné de suite ?
Il y avait la pression. L'idée, c'est de la garder
sur disque. Ce qui m'a le plus marqué en écoutant
les bandes, c'est la cohésion et l'impression d'avoir
à faire à un trio qui joue ensemble depuis longtemps.
Le
travail était-il préparé ou chacun est-il
parti en pleine de liberté ?
J'avais envoyé des partitions et une compilation des
choses que j'avais faites jusque là. Je ne vais pas
entretenir le mythe de New York, mais je trouve que les deux
musiciens en question sont dans une dynamique où ils
jouent beaucoup. Le matin, une répétition, l'après-midi,
un enregistrement, le soir, un concert
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C'est un peu
la vie à New York qui oblige les musiciens de jazz à
assurer un maximum d'engagements, ce qui fait qu'ils sont chauds
en permanence. Ils passent au travers de tellement de musiques différentes,
qu'au moment où je leur soumets n'importe quelle idée,
ils sont super rapides à s'intégrer.
L'ingénieur
du son Phillipe Tessier du Cros était aussi du voyage, a-t-il
une place importante dans ce projet ?
Mon premier quartet avait déjà été enregistré
à New York par David Baker, un des meilleurs preneurs de
son américains. Avec Philippe, ce fut un plaisir de travailler,
il est marrant, il est chiant (rires), c'est un génie de
la prise de son. C'est Pierre Walfisz, le producteur qui l'a fait
venir et au final, nous étions plus de français que
d'américains dans le studio.
N'est-ce
pas difficile de reprendre sur scène la musique de votre
dernier CD avec des musiciens différents ?
Suite
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