Non
pas vraiment car tout dépend de la façon dont elle
est jouée. Je pense être quelqu'un d'ouvert musicalement.
Mais j'aime dans toute musique qu'il y ait toujours du tempo et
du swing car cela fait partie du jazz et ça c'est mon rayon.
Mais je ne veux pas me limiter pour autant. Je joue à Paris
prochainement avec un DJ. Je viens de participer à un projet
de musique africaine. Il ne faut pas choisir d'enregistrer une musique
parce qu'elle est à la mode ou parce qu'elle risque de rapporter
le plus. Je ne veux jamais faire de choix par rapport au marché
ou à la tendance. Ce que je fais, c'est parce que j'ai envie
de le faire.
D'autres
musiciens que vous jouent aussi bien de la trompette. Pourtant
le succès n'est pas toujours au rendez-vous. Ne soyez pas
modeste et dites-nous ce qui vous différencie des autres
musiciens ?
Je pense avoir une bonne capacité dans les relations et
dans la communication. De plus, je joue de la trompette qui est
parfaite pour raconter une histoire et qui de plus est un instrument
mythique. Louis Armstrong, Miles Davis, Chet Baker, Dizzy Gillespie
sont des musiciens qui ont dépassés le monde du
jazz et qui sont connus de tous. Je ne suis pas certain que tout
le monde connaisse aussi bien John Coltrane. La trompette est
un instrument qui joue vite, qui raconte vite et qui reste abordable
phonétiquement par le public. Enfin, je m'occupe de beaucoup
de choses différentes ce qui touche forcément un
plus large public. Je pense être plus musicien que trompettiste
car je m'occupe de tout ce
qui touche à la musique: organisation de stages et de festivals,
écriture, et bien sûr la scène. Le musicien
doit aussi raconter quelque chose en dehors de la scène.
Et pour pouvoir raconter, il faut faire plus que jouer. Et s'intéresser
à l'art en général au-delà de la musique
parfois. C'est peut-être tout cela la différence
si différence il y a !
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Quels
sont vos défauts des jazzmen ?
J'aimerai bien m'intéresser plus à la trompette
car je ne connais pas grand-chose à son architecture
ni à son fonctionnement. De plus je ne suis pas toujours
soigneux avec mes instruments et chez moi il y a beaucoup
de trompettes cassées. Pour moi, la trompette est
un moyen d'accéder à la musique, d'entretenir
une relation intime avec les notes. J'ai donc un certain
détachement pour l'instrument qui par lui même
ne peut vivre. Mon autre défaut est comme beaucoup
d'artistes d'être trop dans la musique au détriment
des autres choses de la vie. Enfin les défauts de
la personnalité mais cela c'est autre chose encore.
Qu'avez-vous
appris musicalement en 20 ans ?
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Le son est
différent. C'est certain mais au moins cela signifie que
le musicien évolue. J'ai appris la philosophie de la musique
, donc de comprendre plus vite et de moins faire d'erreurs. Mais
aussi de pouvoir plus facilement jeter à la poubelle. Si
tout est comme il y a 20 ans, cela signifie qu'on n'a pas évolué
et c'est dommage.
Enrico
Rava dit que le jazz est une langue qu'on apprend toute
sa vie. Où vous situez-vous ?
J'apprend évidemment encore tous les jours. La relation
entre ce qui se passe dans ma tête et mon instrument
n'est pas toujours parfaite. C'est un modèle binaire;
deux voies parallèles qui parfois ne se rapprochent
pas. On doit donc développer cette technique instrumentale
pour améliorer cette relation entre tête et
instrument. C'est un chemin long et très intéressant.
Des
noms de musiciens qui vous impressionnent ?
Tom Harrel me souffle par sa création poétique
encore plus que Marsalis. Ensuite Kenny Wheeler et Jon Hassell
un trompettiste de Los Angeles, le père de la world
qui joue comme peu sont capables de le faire. Il travaille
énormément le son.
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Pouvez-vous
nous parler de Sonos 'é memoria ?
Suite
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