Interview
de Donald Tardy, batteur du groupe Obituary (février 2001).
Votre
dernier album studio «Back From The Dead» est sorti
en 1997,qu'avez vous fait depuis, musicalement parlant ?
On a fait pas mal de
choses ici et là, malheureusement pas avec Obituary. Après
les tournées américaines et européennes,
on est rentré chez nous. Depuis deux ans, tout le monde
est très pris par son quotidien, son boulot, sa carrière.
Si bien qu'on a écarté Obituary de nos priorités.
En ce qui me concerne, j'ai quelques projets en cours, et puis
je donne un coup de main à quelques amis.
Peux
tu nous en dire un peu plus sur tes projets, s'agit-il de projets
parallèles ?
Oui, actuellement je
travaille sur l'album d'un type qui vient de signer sur Island/
Def Jam. Ca s'appelle Andrew WK, c'est son nom. C'est bien, c'est
la rencontre du rock et du métal, ce n'est pas du death
metal. C'est quelque chose de très métal/ hardcore/
rock...
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Comment
as-tu rencontré ce Andrew WK ?
C'est un vieux fan
d'Obituary, et il voulait que je sois son batteur. C'est son
projet personnel, mais quand ils lui ont demandé de
monter un groupe, il a leur a dit que le batteur d'Obituary
était son batteur préféré! Il
m'ont contacté, et quand j'ai écouté
la démo, bien sûr j'ai dit oui. J'aime tous les
styles de musique, et je trouve que c'est nouveau, avec un
son original. |
Quels
sont les projets des autres membres du groupe ?
Chacun a ses propres
activités. Trevor travaille sur un projet qui s'appelle
Catastrophic. Pour Allan, c'est the (Law Broad) Project. Frank
a déménagé à Miami, il travaille également
sur un projet. Comme tu peux le voir, tout le monde a ses petits
projets musicaux.
Est-ce
que vous envisagez de sortir un nouvel album d'Obituary ?
A vrai dire, on n'y
a même pas songé. Comme je l'ai dit, on est tous
partis dans des directions différentes. C'est difficile.
Je pense que pour le moment, Obituary est dans une période
de «retraite». Je ne sais pas trop quoi dire, je ne
sais pas comment vont évoluer les choses.
Pour
le moment vous ne savez pas quel sera l'avenir du groupe ?
Effectivement, en ce
qui concerne l'avenir du groupe, je n'en sais rien, c'est le trou
noir.
Venons-en
à votre 'Anthology', un best of sur lequel on trouve quelques
bonus tracks. Il y a deux ans vous avez sorti un album live, alors
pourquoi sortir cette 'Anthology' aujourd'hui ?
Pour tout dire, c'est
Roadrunner qui a décidé de sortir cet Anthology.
Le groupe n'y tenait pas trop. Voyant qu'ils ne vendaient pas
assez de disques, ils voulaient mettre quelque chose de nouveau
sur le marché, ils l'auraient sorti que je le veuille ou
non. C'est la raison pour laquelle j'ai tenu à y mettre
des bonus tracks, pour que les gens achètent quelque chose
d'un peu plus intéressant.
As-tu
choisi personnellement les titres qui y figurent ?
Oui, je m'en suis chargé.
On ne tenait pas tellement à sortir cet album, alors on
s'est dit: «Pourquoi veulent-ils sortir un best of d'Obituary
maintenant ?». C'est comme s'ils nous considéraient
comme morts, qu'on le soit ou pas. Alors quitte à le sortir,
autant faire en sorte que les kids achètent quelque chose
de bien. J'ai choisi les titres et je les ai compilés de
façon chronologique, de la démo des Xecutioners
à Back From The Dead. Et bien sûr il y a des bonus
tracks.
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Concernant
la carrière d'Obituary, peut-on dire qu'Obituary est
né avec le death-metal, ou que le death est né
avec Obituary ?
Je crois qu'on était
là au tout début. Le death-metal est né
avant Obituary. Mais si on considère l'époque
où l'on s'appelait encore The Xecutioners, quand on
était une bande d'ados au lycée, je pense qu'on
est nés en même temps. Qui vient le premier ?
L'oeuf ou la poule? Je pense qu'Obituary était la poule
et que le death-metal était l'oeuf ! |
Au
sujet de l'imagerie d'Obituary, les tombes et les zombies, vous
n'avez jamais utilisé les mêmes «clichés»
que les autres groupes du genre, le satanisme par exemple, est-
ce par choix ?
Je ne peux pas parler
pour les autres groupes, mais pour le mien. Avec Obituary, on
a toujours été originaux dans nos idées,
on ne s'est jamais arrêté sur ce que les autres groupes
ou les gens faisaient. On ne s'est jamais intéressé
qu'à nous, pour garder quelque chose d'unique, c'est ce
qui explique l'originalité de nos thèmes et de notre
musique.
Comment
expliques-tu qu'avec Deicide, Obituary soit l'un des vétérans
du death-metal sur Roadrunner ?
Là encore, je
n'en sais trop rien. Obituary a toujours entretenu une relation
d'amour et de haine avec son label. On a vendu beaucoup de disques
pour eux et à cause de cela, je pense qu'ils ont eu un
peu tendance à nous ignorer. Nous connaissant, ils savaient
combien de disques on allait vendre. Mais leur manque de support
et de soutien, en particulier de la part de Roadrunner US, cela
te blesse, et cela blesse les relations du groupe. C'est ce qui
a entraîné notre perte.
Obituary
est bien plus connu pour sa musique et l'énergie
qui s'en dégage que pour ses textes, ça vous
ennuie ?
Non,
ça ne m'ennuie pas, en fait j'en suis plutôt
fier. C'est bien de savoir écrire des textes, d'arriver
avec de bonnes histoires à raconter. Mais on savait
que mon frère avait la chance d'avoir cette voix,
alors pourquoi raconter des banalités, des histoires
de religion ou de croyances. C'est lentement entré
dans le fonctionnement du groupe.
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On
savait qu'on tenait quelque chose de bien, et je crois que les
fans et les kids comprenaient bien d'où l'on venait, même
s'il n'y avait pas de textes engagés.
Quel
est ton avis sur le black-metal, penses-tu que le black soit plus
extrême que le death dans les années 80? Peut-on
dire que le black a détrôné le death ?
Non, je pense que personne
ne peut s'avancer à dire que c'est plus extrême.
C'est juste une façon de mettre les choses dans des catégories.
On a connu une époque où l'on s'intéressait
avant tout à la musique, et pas à ce que les gens
disaient, portaient, ou se peignaient sur la figure. On se concentrait
sur ce qui intéressait les fans et les kids: la musique.
C'est ça le plus important. On a toujours voulu jouer une
musique originale et puissante. Et s'il y a un groupe de black-metal
capable de détrôner Obituary, j'aimerais bien le
connaître !
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Peux-tu
nous dire quelques mots sur la Floride, qui est considéré
comme le berceau du death-metal ?
Oui, c'est dommage,
parce que cela touche tous les Etats-Unis. Je pense que les
kids y prêtent plus d'attention aujourd'hui qu'au début
des années 90. Maintenant il y a des tonnes de groupes
que les kids considèrent comme des groupes de heavy
metal ou de metal, mais les fans de hip hop écoutent
aussi ces groupes. |
On s'attarde
sur Papa Roach ou Limp Bizkit, toute cette merde, mais il y a
tellement de façons d'écrire la musique aujourd'hui
pour que les gens s'intéressent un peu plus à l'underground.
Les gens se laissent facilement envahir. C'est le problème
de toute cette industrie.
Pour
la production de vos albums, vous aviez l'habitude de travailler
avec Scott Burns du studio Morrisound, mais pour Back From The
Dead, vous avez choisi Jamie Locke connu pour son travail avec
des groupes de hardcore comme Madball; pourquoi ce changement
?
C'est pour la même
raison qu'on a changé de studio au même moment. On
aime beaucoup ce que l'on a fait au studio Morrisound, c'est là
qu'on a jeté les bases du death-metal. Avec notre groupe,
on voulait changer de scène, faire quelque chose qu'on
n'avait jamais fait, changer de ville, de studio, et de producteur
pour une fois. Scott Burns est un dieu, pour ce qu'il a fait au
début des années 90. Prendre Jamie Locke, c'était
une manière pour nous de changer, d'essayer un nouveau
studio avec quelqu'un de nouveau.
A
propos des tournées d'Obituary, quels souvenirs garderez-vous
de votre dernière tournée en France et en Europe
?
On a tellement tourné
en Europe qu'il m'est difficile de me souvenir de quelle tournée
il s'agit, de quel concert, de quel club. Mais je sais que le
public français nous a toujours soutenus, et nous lui sommes
très reconnaissants. J'espère qu'un jour on sortira
un nouvel album, qu'on viendra jouer en Europe, et qu'on en donnera
encore plus aux kids, parce qu'on leur manque, autant qu'ils nous
manquent.
Qu'est-ce
que l'on peut vous souhaiter pour cette nouvelle année
?
Pour cette nouvelle
année, je vais me mettre à travailler sur mon projet
personnel, un projet que j'aurais déjà dû
mettre en route l'année dernière: The Tardy Brothers
Project. On n'a pas de contrainte de temps, ça sortira
quand ça sortira. Pour le moment, je commence à
rassembler des idées, des riffs, des rythmiques, des samples,
un peu tout ce que je touche en somme. Pour ça j'espère
collaborer avec mon frère pour faire sortir mes idées.
Est-ce
que tu travailles avec des machines, vu que tu parles de samples
?
J'ai un sampler, une
Analysis Drum Machine, je travaille souvent avec de l'électronique,
mais ce sera surtout un projet plein de percussions, avec des
guitares très crunchy, qui n'auront pas grand chose à
voir avec les chansons. Plutôt quelque chose de tribal,
avec des toms et des sons un peu dingues. C'est un projet, je
ne veux pas d'un album avec 10 titres, mais quelque chose qui
dure 30 minutes environ, une sorte de projet mystérieux.
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