Joseph D'Anvers et Cyrz, 28/02/2006, L'Européen.
C'est avec une légère méfiance
que je pénètre dans la salle de L'Européen,
ce soir. En effet, comment appréhender ce jeune chanteur
adoubé par Miossec, mais dont l'album a été
produit par un membre des Valentins, à l'instar de la tiède
Pauline Croze ?
Entrons dans la salle. Cyrz, seul avec sa guitare
classique, chante doucement dans le micro. Le public rit parfois,
les paroles sont, dirons-nous, drôles et mignonnes et on
pense inévitablement à Mathieu Boogaerts. Le public,
bon-enfant, écoute attentivement et rit parfois. On attendra
la version live avec groupe pour savoir quoi penser du talent
du jeune homme.
Avant l'entrée en scène de Joseph
D'Anvers et de ses musiciens, s'élève une musique
atmosphérique et une phrase, en boucle, se fait entendre
: A trop regarder les choses en face on finit par en devenir aveugle,
une façon de se déclarer chantre de la lucidité
après qu'un certain Dominique A (dont l'ombre de corbeau
majestueux planera tout le long de la soirée) se soit auto-proclamé
ironiquement 'le chantre du murmure' ?
Joseph d'Anvers, arborant un t-shirt des Black
Keys, entame les premières notes de 'A contretemps', premier
titre de l'album Les Choses en face. La voix est superbe, posée,
parlée, on pense à Daniel Darc sur le sublime Crêve-Coeur.
Le groupe joue bien, les orchestrations rendent parfois passionnantes
des chansons pourtant assez linéaires. Grâce au talent
de ses musiciens, en particulier Jean-Charles Versari (issu du
grand groupe que fut Les Hurleurs), D'Anvers a du panache.
Le public de l'Européen est conquis, mais
calé dans son fauteuil rouge, il râle quand les (jeunes)
gens dans la fosse se lèvent, il veut continuer à
regarder son DVD vivant, et d'Anvers, jeune garçon trop
poli (il dédie une chanson à ses parent présents
dans la salle), ne demande pas au public de se lever. Alors qu'il
est évident que ce type, qui fait allusion au récent
concert parisien des Arctic Monkees, vient du rock et veut clairement
se placer dans cette lignée.
Malgré ce problème de positionnement,
c'est un examen réussi pour le baladin de Pigalle, qu'on
sent plus proche de dEUS et de Françoiz Breut que de Carla
Bruni et autres vieux-jeunes qui encombrent le cur des bobos
de l'hexagone, et auxquels il risque d'être assimilé.
Mais soyons confiants : le meilleur est à
venir.
Julien.
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