Stephan Eicher, 18/10/2003, Béthune.
Ma très chère Armelle,
Rien n'était simple hier soir.
Non
je ne me trompe pas de concert, je me rappelle bien vous avoir
furtivement parlé alors que vous travailliez comme ouvreuse
au Phénix de Valenciennes en début de semaine alors
qu'Eicher donnait l'un de ses premiers concerts en France, mais
aujourd'hui ce n'est pas de ce concert qu'il me faut parler mais
bien de celui de Béthune samedi soir.
Pourquoi m'adresser encore à vous, tout
simplement parce que vous m'aviez malencontreusement donné
des faux airs d'Eicher chose que je n'aurais jamais et que je
peux maintenant contredire au vu des évènements
de samedi soir.
Le concert avait pourtant fabuleusement démarré.
il avait débuté en interprétant son Taxi-Europa
sans sortie de route, pris le parti de déformer de façon
résolument rock quelques vieilles chansons qui n'ont pas
d'âge : Ni Remord- Ni regret, Elle vient me Voir, et bien
sur Déjeuner en Paix, ensuite il avait misé sur
l'improvisation en milieu de set avec des chansons solo acoustiques
: Tu ne me Dois Rien, Combien de Temps et enfin bouclage de ceintures
des spectateurs pour la troisième vitesse, celle de ses
années de jeunesse, représenté par Les Chansons
Bleues. Les surprises qu'il donne changent continuellement et
je suis là pour le prouver. Alors que j'attendais un Joe
le Taxi musclé il n'a rien trouvé de mieux que de
me faire signe d'avancer au bord de scène pour jouer de
SA guitare. On ne peut pas faire ça à un homme.
Surtout quand il aime l'artiste. J'ai vaguement gratté
sur l'instrument tout en tremblant des guibolles plus vite que
je ne pouvais le faire avec le médiator.
Grâce à Eicher le dangereux psychopathe
que je suis, est devenu " artiste splendide " (bien
que "splendid " est un bien grand mot qui se doit d'être
remplacé par "ridicule") et je ne peux malheureusement
pas vous décrire la fin du concert car j'étais sur
un nuage proche de la Suisse. Très, très haut dans
les montagnes.
Un dernier conseil avant de vous laisser, ne vous
asseyez jamais au premier rang, l'artiste pourrait se venger et
vous rappeler qu'un chanteur comme celui que je décris
est unique et inclassable.
Pierre.
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