Ez3kiel, 14/05/2004, Nouveau Casino.
Déplacé du Divan du Monde au Nouveau
Casino à cause d'un voisin peu scrupuleux et visiblement
pas amateur de musiques actuelles, il n'en fallait pas plus pour
brouiller les pistes qui menaient les amateurs de sensations sonores
vers ce concert attendu d'Ez3kiel accompagné pour l'occasion
de Daau.
Dernière étape d'une tournée
commune débutée en avril que ce Télérama
Dub Festival et promesse certaine d'un épilogue mouvementé.
Et si les bois et cordes des anversois de Daau croisent le fer
avec les machines d'Ez3kiel, il semble être le fruit d'une
recherche musicale profonde mais surtout d'une rencontre humaine
à la vue des regards et sourires échangés
sur scène.
Pour dérouter au maximum le public, les
mélodies imprégnées des musiques d'Europe
de l'Est du quartet belge ouvrent dans une ambiance parfois tzigane.
Viennent ensuite discrètement s'incruster au milieu des
violons, violoncelles, accordéon et clarinette, la basse
ou les machines d'Ez3kiel. Un parcours semé de pièges
sonores, la meilleure entrée en matière possible
pour accueillir les compositions du trio tourangeau.
Petite pause puis apparaissent les magiciens accompagnés
de leurs compositions visuelles projetées sur deux écrans
verticaux de chaque côté de la scène. Personne
n'ose chuchoter dans la salle et les premières séquences
tirées du visuel de leur dernier opus " Barb4ry "
impressionnent. L'envoûtement est total et les compositions
minimalistes du dernier album résonnent dans Le Nouveau
Casino comme dans une cathédrale.
Daau se mêle ensuite à la formation
sur " 3 rue Monplaisir " l'une des deux créations
communes livrées sur " Barb4ry " pour une douce
folie, les mélodies radieuses mâtinant l'énergie
de la section rythmique du trio. La fusion est parfaite, les projections
incroyables, d'une pureté inégalée. Ez3kiel
poursuit avec des morceaux du premier effort " Handle with
care " et parfois la frénésie s'empare du public,
menée par l'énergie incroyablement punk et même
hardcore du combo. Pour parfaire l'ensemble, Sir Jean, le "
jumper fou ", frontman emblématique de Meï Teï
Shô s'invite sur le morceau " How do you sleep ? "
pour lâcher son flow rageur.
Le groupe s'en va puis revient pour tempérer
à nouveau l'ambiance par une composition déroutante
inspirée par l'effroyable thème de la B.O. du film
" Requiem for a dream ". Epoustouflant ! Le public est
totalement conquis et ovationne tous les artisans de ce magnifique
projet et dans un ultime rappel, l'ensemble des participants prend
place sur scène pour une dernière sensation sonore,
un morceau purement fou où la clarinette lâche une
mélodie délicieusement entêtante pendant que
le reste des instruments n'a d'autre mission que de servir l'énergie
rock de la rythmique. Sir Jean crache son verbe par dessus avant
de se jeter en slam dans le public gagné par la folie,
en imitant le violoniste de Daau.
Phénoménal concert, difficile de
s'en remettre et puis on se dit qu'on n'a plus qu'à attendre
la retranscription en DVD (prévue pour octobre chez Jarring
Effects) !
Nico.
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