Hip Hop Don't Stop, 27/06/2004, Palais Omnisports
de Paris Bercy.
Il m'est impossible de parler de la soirée
Hip Hop Don't Stop sans évoquer la médiocrité
du son qui l'a rythmée. Cette anomalie technique demeure
d'ailleurs toujours un grand mystère pour moi étant
donné le caractère prestigieux que l'on associe
habituellement aux concerts qui se tiennent au Palais Omnisports
de Paris Bercy que je découvrais pour la première
fois.
Mon étonnement face à cette agression
sonore était tel qu'en pénétrant dans la
salle, j'ai d'abord cru que j'étais arrivée beaucoup
trop en avance (malgré mon heure de retard !) et que le
groupe qui occupait alors la scène en était encore
au stade des répétitions. Par la suite, j'ai pensé
que je subissais tout simplement un nouvel épisode de crise
d'allergie au " Sky-rap ". Finalement, j'ai réalisé
que tout ceci n'était pas intimement lié à
la qualité de la prestation du groupe Psykopat mais à
un réel problème de son : volume des micros trop
fort, musique aux platines trop forte, trop d'aigus et quasiment
pas de basses (bizarre pour un concert de hip hop quand même
!!!)
Dès qu'on leur met un micro entre les mains,
certains rappeurs ont la fâcheuse tendance à hurler
en prenant leur plus grosse voix (très certainement pour
se prouver qu'ils sont virils !). Du coup, l'effet " brouhaha
" du son qui s'échappait des gigantesques enceintes
s'est trouvé naturellement amplifié.
Heureusement que la gent féminine était
là pour apporter un peu de douceur au spectacle. Kelis
n'a pas pointé le bout de son nez et je ne m'attarderai
pas longtemps sur Mary J Blige dont les performances vocales furent
plus que décevantes malgré le fait qu'elle soit
la seule à être venue accompagnée de musiciens...
Missy Elliott est, par contre, la seule à avoir réellement
su tirer son épingle du jeu. En bonne professionnelle made
in US, elle est parvenue à réunir avec brio tous
les ingrédients nécessaires à la réussite
de son show : danseuses sexy, breakdancers au look de bad boys,
effets visuels et sonores
Par moments, il aurait été
facile de se dire que tout était un peu surfait mais bon,
l'accueil du public était là et je pense que tous
ses fans de la première heure ont été enchantés
d'entendre les versions live de quelques morceaux de ses premiers
albums comme " I can't stand the rain " ou encore "
Why you're all in my grill ? "
A mon grand regret, le son était de qualité
insuffisante pour me permettre de donner un avis objectif sur
les prestations de Blackalicious, des Jungle Brothers ou de Dilated
Peoples. Je n'ai même pas pu apprécier le morceau
" This Way " de ces derniers dans la mesure où
il a malheureusement été saboté par toute
une succession de larsens
Pour ce qui est de Rohff, aucun
doute qu'il était le chouchou du public. La reconstitution
d'un mini arc de Triomphe au sommet duquel se tenait le DJ était
plutôt réussie. En revanche, je n'ai pas du tout
été impressionnée par l'interminable film
qui a été projeté (sur un écran minuscule
d'ailleurs !) avant l'entrée de Rohff sur scène
au volant d'une énorme moto qu'il avait sans doute peur
de se faire voler puisque deux jeunes hommes déguisés
en vigiles faisaient également partie du décor du
rappeur de Vitry !
Contrairement à Rohff qui nous a produit
un son formaté pour plaire aux auditeurs de Sky, Fun, Ado
ou encore NRJ, Talib Kweli a, quant à lui, fait office
de digne représentant de ce que j'appelle le " Real
Hip Hop ". La mixité des groupes présents ce
soir et, plus particulièrement, la divergence de style
entre Rohff et Talib Kweli symbolisent bien l'évidente
scission qui existe aujourd'hui entre ces deux courants rapologiques
aussi bien en France qu'aux Etats-Unis. A ce titre, Talib Kweli
a fait un choix très judicieux en décidant d'interpréter
son morceau phare " Too late " dont le refrain pousse
inévitablement à la réflexion : " Where
were you the day Hip Hop died? Is it too early to mourn? Is it
too late to ride?"
Bin2.
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