Festival Riddim Collision, 20 et 21/12/2002, le
Rail Théâtre à Lyon.
Pour sa quatrième édition, le festival
Riddim Collision, le rendez-vous annuel de tout bon dubber averti,
prenait racine pour la première fois au Rail Théâtre
sur les hauteurs de la cité des Gaules (Lyon). Jarring
Effects, le label lyonnais découvreur de jeunes talents
qu'on ne présente plus (High Tone, Ezekiel, Meï Teï
Shô, Mr Orange...) est bien entendu aux commandes et propose
cette année une sélection pointue hors de son catalogue
pour 3 soirées de choix. Ambiance électro noise
dub.
Après un premier soir (avec Doppler, Wide
Open Cage, MJ's et Klute) auquel nous n'avons pu assister, le
plateau du vendredi soir est plus qu'alléchant puisque
s'enchaîneront Orange Blossom, Plod, Abstract Keal Agram,
Lab° et Scorn. On affûte donc ses oreilles et c'est
avec plaisir qu'on découvre un Rail Théâtre
plutôt sympathique intérieurement, contraste car
perdu dans un quartier bureaucratique peu accueillant.
L'ambiance est chaleureuse mais la salle est peu
remplie lorsque les premières notes d'Orange Blossom résonnent.
Tant pis ou tant mieux car le set des nantais met tout le monde
d'accord. La formation remaniée est composée désormais
d'une chanteuse au timbre vocal impressionnant, d'un violoniste
acrobatique et de deux percussionnistes fous et tous distillent
une musique métissée imprégnée d'électro-ethno.
La voix suave de Leïla charme le public pendant que l'énergie
est assurée par un violoniste "gymnaste" (des
bonds à faire pâlir un Sotomayor !) et des percussionnistes
souvent proches de la transe. Un régal.
Changement de plateau, le Rail Théâtre
se rempli (le lyonnais sort tard de chez lui) et Plod entre sur
scène. Trip inclassable auquel le public connaisseur adhère
généreusement. Fusion expérimentale mais
colorée de free-jazz, d'acoustic funk, de trip hop avec
pour uniques organes : un violon, une batterie, un violoncelle
et un cuivre improbable. Le combo lyonnais envoûte son public
(grâce à la chaleur des lumières subtiles
notamment) et boucle un set parfait, intriguant à souhait.
Suit après le trio rennais Abstract Keal
Agram qui propose un DJ set à trois d'abstract hip hop
mâtiné d'électro. Une prestation convaincante
et entraînante musicalement mais peu attractive visuellement,
les membres se contentant de balancer leurs bonnes basses paisiblement
derrière leurs machines.
Du visuel et de l'énergie, c'est pour la
suite puisque c'est sur les coups de 2h du mat' que se présente
l'une des formations les plus attendues ce soir, les parisiens
de Lab°. Leur univers est perturbant, intriguant à
plus d'un titre mais surtout terriblement excitant. Une vidéo
projectionniste sublime pose le décor en balançant
des vidéos minimalistes ou décalées qui posent
ainsi la toile de fond du décor sombre et nébuleux
de Lab. Le reste est une merveille de fusion noisy dub rock, de
puissantes nappes de basses cisaillées par des skanks et
riffs de guitares tranchants à la limite du hardcore !
Les deux guitaristes se déchaînent et torturent leurs
instruments pendant que la rythmique parfaite envoûte tout
spectateur. On reste médusé devant cette débauche
d'énergie et le set se termine en apothéose free
punk. Grand !
Le peu d'énergie nous restant est utilisé
dans l'attente trop longue de Scorn, qui n'est autre qu'un DJ
originaire de Birmingham du nom de Mick Harris. Anecdotique en
effet à l'image de sa prestation qui n'a pas été
facilitée par l'ordre de passage des groupes. Set hypnotique
d'ambiant dub flirtant avec l'abstract hip hop
A revoir
dans d'autre conditions et nous prenons donc congés, épuisés
par cette riche soirée.
Le lendemain soir, c'est avec l'il moins
vif (fatigués par une courte nuit) mais avec l'oreille
toujours avertie que nous pénétrons au sein du Rail
Théâtre. La salle est clairsemée en ce début
de soirée mais on en a désormais l'habitude, les
lyonnais se déplacent tardivement et c'est dommage car
beaucoup rateront Natsat, l'une des meilleures découvertes
en ce qui nous concerne de ce festival. Le quatuor nantais fait
dans le post-rock, un terme et un courant qui fut très
en vogue il y a quelques années mais qui semble s'essouffler
depuis peu. Ce n'est pas le cas de cette formation instrumentale
pure qui alterne mélodies douces et lancinantes avec quelques
passages plus énervés free rock. Le saxophone ajoute
cette touche délicate jazzy et accentue le délire
expérimental. Un soin tout particulier a été
apporté à la déco scénique (lampes
de chevet reposantes de ci de là). Un style séduisant
et délicat à rapprocher des excellents Tortoise
ou autre Purr.
Changement d'ambiance et de décor pour
les stéphanois The Insiders. Décor punky kitch plaisant
qui laisse augurer d'un bon délire d'autant plus qu'ils
s'auto étiquètent " garage surf noise ",
intriguant. Le trio pénètre sur scène, affublés
de costars cravates et attaque par une intro des plus chiantes,
délire incompréhensible noisy de près d'un
quart d'heure. Mauvais départ et le reste ne sera que déception
car outre le décor et l'esprit naïf déconneur
sympathique du bassiste, rien ne roule. Le guitariste leader casse
une corde en s'énervant tout seul sur sa gratte et une
corde changée ne changera pas malheureusement les compos
punk-rock trop légères du combo. Dommage et c'en
est trop pour nous, la lassitude et la fatigue nous gagne. Tant
pis pour la suite, nous raterons Excessive Noize Control et surtout
DJ Vadim. Partie remise. Merci au Rail Théatre et à
Jarring pour cet éclectisme !
Nico.
Abstract Keal Agram
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Plod
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Lab°
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Orange Blossom
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The Insiders
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Scorn
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