Steve Turre, Paris, 23/01/2003, New Morning de
Paris.
Steve Turre est un musicien généreux
et c'est avec un groupe capable d'escalader des sommets musicaux,
qu'il nous a offert, en quartet, un concert de plus de trois heures.
Steve Turre est l'un des meilleurs trombonistes
du moment et il a su partager sa musique exigeante, novatrice
et imprégnée de blues, de hard bop et d'effluves
caraïbes à une salle aux anges. Utilisant tantôt
avec grâce, tantôt avec virulence sa coulisse cuivrée,
se servant de diverses sourdines, il a montré quel soliste
il est, à la fois charmeur et autoritaire. Commandant le
reste du groupe, afin de parfaire sa musique, il a néanmoins
su laisser de nombreux espaces à ses musiciens qui ont
pu se lancer dans des solos de belles durées.
Stephen Scott, pianiste sous-estimé, nous
a ravi par la richesse de son jeu, ses ouvertures magiques et
ses solos superbement construits, teintés de notes humoristiques
; Steve Kirby, un géant aussi grand que sa contrebasse,
impassible comme un chef indien, au jeu solide et inspiré
et puis le jeune Obed Calvaire, vingt ans à peine, lancé
dans le grand bain d'une tournée européenne qui
a su se lâcher dès le deuxième morceau tout
en restant à l'écoute des conseils du leader. Mais
n'est-ce pas sur le tas que le jazz s'apprend le mieux ?
Quant à Steve Turre, en grand maître
avisé, costard impeccable, natte tressée, barbichette
aiguisée, et souliers cirés, il nous a une nouvelle
fois surpris avec ses coquillages exotiques. Soufflant sans retenue
pour nous sortir des sons chauds et mélodieux , glissant
la main à l'intérieur pour faire varier les notes,
il a su utiliser ces trésors nacrés bien au delà
de la simple curiosité, reprenant même le All Blues
de Miles Davis avant de quitter la scène pour s'en aller
jouer parmi les spectateurs. Présentant à plusieurs
reprises ses musiciens, il en a profité pour glisser un
message de paix, un appel à l'entente des peuples. Un très
bon concert et des souvenirs qui resteront pour longtemps.
Frédéric.
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