Il y a le roi Pelé et il y a le roi Fela. Le premier est couronné
pour la maîtrise parfaite et spectaculaire du football et le second
l'ait pour la maîtrise et l'assimilation de la musique noire.
Fela, sur sa terre chérie du Nigeria, est devenu le père de l'Afrobeat,
musique métissant le jazz aux rythmes traditionnels africains
et réunissant notamment au sein du Shrine (le club de Fela à Lagos
où se divertirent des milliers de nigérians, oubliant ainsi le
temps d'un moment, l'oppression d'un pouvoir corrompu), les trois
ethnies antagonistes Yoruba, Haussa et Ibo.
Depuis la mort de Fela en 1997, Femi, l'un de ses fils qui l'a
suivi au sax lors de ses nombreuses tournées, est devenu l'unique
héritier de cette envoûtante musique qu'est l'Afrobeat, investi
par l'Afrique. Femi, avec ce fabuleux Fight to win, n'en est pas
cependant à son coup d'essai puisqu'il prouva avec Shoki shoki,
sorti en 98, que la world music pouvait compter sur lui pour reprendre
le flambeau de l'Afrobeat.
Fight To Win est donc une nouvelle bombe de 12 titres jetée dans
la musique noire. Les cuivres magiques explosent dès le premier
titre : Do your best, et répondent au sax du prince Femi qui a
même invité pour l'occasion le rappeur new-yorkais Mos Def, sans
pour autant ajouter une sauce hip-hop (qui n'aurait peut-être
pas été digeste), souvent au goût du jour. S'en suivent ensuite
autant de titres démentiels aux textes poignants tels que le Traitors
of Africa qui n'hésite pas à tirer sur Babangida, l'ancien dictateur
nigérian préparant actuellement son retour. Sur '97, Femi rend
un superbe hommage à son père.
Tout au long de l'album, les chœurs répondent à l'orgue qui attise
le feu des cuivres et des percussions… On plonge littéralement
au cœur de l'Afrique noire et de sa culture à l'écoute de la voix
et des dires de Femi. Album incontournable que l'on soit amateur
ou non de world music !
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