Le trio hors norme du pianiste suédois Esbörn Svensson
sort déjà son septième disque. Les précédents
avaient reçu un chaleureux accueil du public et la presse
était pour une fois unanime, à n'en pas douter Strange
place for snow ne dérogera pas à la règle.
Le pianiste est accompagné de ses fidèles compagnons,
Dan Berglund à la contrebasse et Magnus Oström à
la batterie et ce trio est sans conteste l'un des plus intéressants
du moment.
Le CD commence avec deux accords qui se répètent
et qui rappellent le All blues de Miles Davis, histoire de dire
que nos trois complices connaissent la musique. Le pianiste y
est moins fougueux qu'à l'accoutumée et sa musique
est plus réfléchie, chaque accord marqué
est primordial et chaque note chargée de sens.
Les compositions sont plus ambitieuses, comme Serenade for the
renegade et ses influences hispaniques, Behind the yashmak et
sa mise en place étirée, annonciatrice d'un monde
libre à la dérive ou encore le minimalisme "à
la Satie" de Years of yearning ou de Carcrash (en hommage
au pianiste Jan Johansen mort sur la route à trente ans).
L'essentiel des morceaux est ancré dans une sorte de torpeur
mélancolique, mais rassurez-vous l'ennui est ici absent,
tant le pianiste fait preuve de talent et d'imagination. De plus
quelques titres au tempo plus rapide viennent parfaitement s'insérer
dans ce paysage ouaté.
Un disque rare et indispensable, un disque cocon pour faire la
paix avec soi-même et s'ouvrir des horizons bouchés.
PS :
et comme dans le précédent album studio
Good
morning Susie Soho, il faudra attendre trois bonnes minutes
pour découvrir un morceau caché, une longue plainte
obsédante et répétitive. Décidément,
celui-là ne fait rien comme les autres et c'est tant mieux.
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