Le totem est cet animal, cette plante ou encore cet objet considéré
comme l'ancêtre et qui protège tout un clan. Sans
pour autant considérer les membres de Zenzile comme des
ancêtres, ils ont en effet cette reconnaissance et ce respect
des ainés notamment au sein de la scène dub française.
Alors, pourquoi ne pas se prosterner mais tout au moins célébrer
ce troisième effort du quintet angevin car celui ci, selon
la formule consacrée, semble être l'album de la maturité
voire de la consécration.
En évitant les clichés, on peut tout simplement
dire que le combo dub a réussi le coup de maître,
un album intitulé Totem qui a su retrouver les éléments
expérimentaux, le pur dub instrumental et les atmosphères
délicieuses de Sachem In Salem leur sublime premier opus
tout en gardant les éléments vocaux de Sound
Patrol et en intégrant un peu plus d'électro,
un soupçon de sons saturés, un côté
ambiant, un folk anodin et une dose judicieuse de silence.
En effet, le silence est une des pièces maitresses de
l'échiquier Totem. Zenzile l'intègre parfaitement
à ses morceaux, joue des profondeurs, des absences, des
atmosphères avec excellence. Exemple parfait sur ce Western
addict où l'orgue semble venir du néant, appelé
par le skank tranchant de la guitare qui fait place ensuite à
la basse ronde et chaleureuse et à ce sax limpide. Chaque
morceau est une pure merveille.
L'album composé de onze titres intègre sept dub
instrumentaux ( Pandora's box, Morning daylight, Open, Anti bass
neighbourhood, Close, Western addict et Lacrima) plus 4 morceaux
chantés où interviennent les désormais inévitables
Jamika (la dub poetesse américaine) et Sir Jean (le chanteur
de Meï Teï Shô).
Laissez vous enflammer par le titre Axis of evil où intervient
Jean qui est un "noisy dub" fou saturé à
l'énergie punk puis retouvez la sérénité
imposée par Jamika sur l'étonnant She landed here
très folk, délicieusement envoûtant.
La recette pour réaliser cet album a été
: le temps, cet élément qui semble ne plus exister
ou qui parait en tous cas si flou lorsqu'on écoute un album
de Zenzile. Ils ont pris le temps qu'il fallait pour composer
, contrairement à Sound Patrol. L'écoute de leurs
anciennes bandes dub les a rafraichit et a permis sans doute cette
alchimie qui fait de ce Totem un album majeur, un virage peut
être vers une reconnaissance commerciale (celle du public
est déjà là) de ce courant musical si excitant.
Ces nouvelles compos n'attendent en tous cas maintenant plus
qu'à être rodées sur scène pour des
concerts, l'exercice de prédilection de Zenzile, qui s'annoncent
mémorables. Immanquable !
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sur Zenzile.
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