C'est en sextet et en live que l'on
retrouve ici le maître de la basse, le roi du slap, compositeur
multi-instrumentiste d'un groove puissant et efficace.
Si l'on peut parfois lui reprocher d'être trop démonstratif,
il faut se rendre ici à l'évidence, l'enregistrement
en public lui sied à merveille, laissant entrevoir quel
artiste de scène il est.
Sa basse y est bien sûr omniprésente, éléphantesque
même et ses slaps claquent à l'oreille. Mais il laisse
aussi la place à des mélodies et permet à
ses musiciens de s'exprimer, on retrouvera ainsi avec joie toute
la maîtrise du guitariste Dean Brown, qu'il joue en rythmique
ou en soliste, et on découvrira le son goulu et velléitaire
du saxophoniste Roger Byam. Marcus Miller délaisse aussi
de temps en temps sa quatre cordes pour jouer de la clarinette
basse ou même du saxophone soprano.
Et c'est parce qu'il fut le dernier arrangeur de Miles Davis,
qu'il nous rappelle à son bon souvenir à deux reprises.
La première fois dans une version de So What, reprenant
note pour note avec les cuivres l'introduction de piano que Bill
Evans jouait en 1959, tandis qu'il s'octroie les notes que jouait
le contrebassiste Paul Chambers avant de faire décoller
le morceau dans une version funky à couper le souffle.
La seconde fois, c'est pour nous jouer en final un medley tout
aussi euphorisant de plus de dix-neuf minutes reprenant trois
titres des derniers albums de Miles, Hannibal, Amandla et l'incontournable
Tutu. On retrouvera aussi des compositions de John Coltrane, de
Gershwin et David Byrne.
Même si quelques passages font du "rentre-dedans"
et si quelques rythmiques tournent à vide, la majeure partie
de la musique jouée ici est enthousiasmante. Un must du
genre en tout cas.
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