Longtemps restés dans l'ombre des fers de lance du dub
francophone que sont Zenzile,
High Tone
et Improvisators
Dub, les lyonnais de Kaly prouvent avec ce second album Hydrophonic
qu'ils sont prêts à prendre également le flambeau.
Ils livrent en effet un album très abouti d'électro
dub, attendu depuis bien longtemps par tous les dubbers qui avaient
découverts l'excellent Electric
Kool Aid, annonciateur d'une belle aventure.
Le son de Kaly s'est étoffé et ce nouvel opus,
même s'il reste très expérimental, semble
mieux structuré que le précédent, les morceaux
s'enchainent parfaitement dans une réelle osmose, plongeant
ainsi l'auditeur dans les profondeurs étranges et parfois
sombres de cet Hydrophonic.
L'album, composé de 10 titres, ouvre, une fois n'est pas
coutume, par un bon reggae dub intitulé Smoke up emmené
par la voix du toaster Rob Taylor, renvoyant ainsi Kaly à
son premier amour que fut le roots reggae. Reverse, orienté
dub-psyché, laisse la part belle à une rythmique
basse - batterie puissante et terriblement entrainante. Ensuite,
Kaly nous propose un sublime Funny bway, l'un des meilleurs titres
de l'album, qui après une intro samplée, étrange
et noire, explose totalement, emmené par une batterie énervée
et des effets virevoltants de guitares avant de se calmer par
l'arrivée d'un orgue chaleureux.
Hydrophonic s'enfonce après en orient avec ce Youbati
arabisant où le quintet lyonnais a invité les Gnawas
Njoum à participer à ce world dub. L'album plonge
ensuite dans un univers cinématographique avec les premières
notes du No matter, lancinant, bourré d'effets et de reverbes
où Bernard, le clavier du groupe, laisse éclater
son talent (à la manière d'un Ray Manzarek selon
la biographie, c'est un peu fort mais l'image est là en
effet !). Enorme !
La suite ne fait que confirmer : Spoke à l'inter, autre
moment fort, lorgne vers les voisins d'High Tone dans un délire
d'electro dub puissant à l'intro science fiction effrayante;
30 millions d'ennemis explore dans une lente montée le
côté expérimental et déstructuré
du groupe; Line check oeuvre également dans le psyché
quand Jestering sous une pléïade d'effets laisse éclore
une drum'n bass terrible. La fin est proche et Waiting for Tom
Select l'honore dans un dub long et délicat à souhait
où après un temps mort étouffant explose
à nouveau une drum'n bass avant un finish subaquatique...
Un superbe opus, sans longueur ni essoufflement qu'on espère
voir rapidement défendu sur scène, lieu où
excèle le groupe mais où il n'est encore peut être
pas assez présent. On souhaiterait notamment les voir se
mesurer aux autres groupes sur les plateaux des gros festivals
d'été. A suivre, ils ont tout pour réussir...
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