Beaucoup de grands compositeurs classiques ont vu leur uvre
passée à la moulinette du jazz, Beethoven, Bach,
ou Mozart ont dû se retourner dans leur tombe. Mais s'il
y eut des maladresses, il y eut aussi de belles réussites,
Uri Caine et sa relecture de Gustav Mahler ou plus récemment
les frères Belmondo
avec des uvres de Lili Boulanger et Maurice Duruflé.
Ce Jazz'in Chopin est à ranger dans la deuxième
catégorie.
Nous vous avions déjà dit tout le bien que nous
pensions du Serge Forté à l'écoute de son
précèdent CD, La
vie en bleu, nous continuerons donc sur notre lancée.
Car ici le pianiste investit à merveille l'univers du compositeur,
sans surjouer, sans "arranger", mais en dépassant
les clichés et en emmenant l'essentiel au paradis, loin
du maniérisme. La mélancolie, le romantisme et la
passion si présents chez Chopin sont ici au rendez-vous.
Alliant le swing (Andante Spianato, Etude n°6), la mélodie
(Mazurka n°4) à sa sensibilité et à sa
parfaite maîtrise du clavier, le pianiste parvient même
à nous captiver sur l'inévitable Prélude
n°4 qu'il embarque vers de sublimes "langueurs monotones".
Il serait injuste d'oublier le très beau travail de la
rythmique, composée du batteur d'origine canadienne Karl
Jannuska et du contrebassiste Peter Herbert qui se fondent parfaitement
dans le projet. Et les applaudissements enregistrés à
la fin de la suite révolutionnaire ne sont que juste récompense
pour ce trio.
Un album à se mettre entre les oreilles, comme quoi romantisme
et swing peuvent faire bon ménage.
En
savoir plus sur Serge Forté Trio.
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