Singulier personnage que ce Nitin Sawhney, jeune anglais de culture
hindoue, intégré depuis longtemps au Londres branché
qui, en plus de ce sixième album, a travaillé avec
le James Taylor Quartet, le DJ Gilles Peterson, David Visan, a
écrit pour Sinead O'Connor, remixé des titres de
Sting et de Paul Mc Cartney, élaboré de nombreuses
BOF et a même assuré des productions pour Cheb Mami
et Terry Callier...
Si sa renommée a difficilement franchi la Manche, il est
très connu en Angleterre où ses albums ont souvent
été de gros succès : Beyond shin (2000) puis
Prophesy (2001), faisant l'unanimité dans la presse musicale,
puis gagnant de nombreuses récompenses.
Avec Human, Nitin ouvre un peu plus sa musique à des influences
comme la pop ou la soul, sans pour autant oublier ses racines
en saupoudrant ses compositions de pincées d'une world
orientale aux multiples saveurs.
En effet sur un seul disque il fait cohabiter intelligemment
de nombreux styles assez éloignés les uns des autres
et invite des artistes comme Natacha Atlas, Kevin Marks (The Streets),
Tina Grace (chanteuse déjà présente sur ses
précédentes réalisations), Reena Bhardwaj,
l'Urban Symphonic Orchestra, l'Indian Full Harmonic Orchestra
(150 musiciens), sans oublier le flûtiste Ronu Majumdar...
Tous venus participer à une rencontre aussi musicale qu'innovante.
Aucun des 13 morceaux n'est semblable, Nitin nous fait passer
d'une énergique house world (Eastern eyes, Raag) à
une pop intimiste aux ambiances trip hop : Say hello, Fragile
wind, en passant par des influences blues (The river) et de la
pure world : Heer, The boatman.
Aucune de ces fusions musicales ne heurte l'oreille (même
celle des profanes), les différents chants sont superbes,
les compositions sont pleines de sensibilité et plusieurs
morceaux pourraient bien être sortis en single, c'est le
cas de Falling où Matt Hales (Aqualung) pose sa voix.
Si l'univers "asian house select" de Nitin pouvait
sembler assez opaque précédemment, Human s'avère
être facile à écouter, pensé pour séduire
un public plus large prêt pour un joli voyage imaginaire
entre les Indes et Piccadilly Circus, propice à un dépaysement
sonore de qualité.
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