Après le succès phénoménal et justifié
de son précédent
album, on attendait avec impatience la sortie d'Alegria, enregistré
juste avant la tournée Footprints. D'autant plus que ce
dernier opus présente dix pièces entièrement
acoustiques, une première pour le légendaire saxophoniste
depuis 1967.
Pour se faire, Wayne Shorter a choisi d'utiliser une large palette
orchestrale. Au fil des plages, son inspiration est soutenue par
une rythmique qui a déjà fait ses preuves il y a
peu (Danilo Perez au piano, John Patitucci à la basse et
Brian Blade à la batterie).
Plus loin, c'est au tour du pianiste Brad Mehldau, du percussionniste
Alex Acuna et de Terri Lyne Carrington à la batterie d'accompagner
le saxophoniste. Sans oublier l'utilisation de cuivres, de bois
et autres cordes pour donner tout son sens au magnifique répertoire
d'Alegria.
A bientôt soixante-dix ans (qu'il fêtera le 25 août),
Wayne Shorter "cherche désormais à exprimer
l'éternité à travers ses compositions".
"En essayant continuellement d'apprendre à s'éloigner
de sa propre manière de faire", l'ancien compagnon
de Miles Davis (1964/1970) nous propose ainsi des versions réarrangées
de certains de ses propres morceaux des années 60 (Capricorn
II, Orbits, Angola). Seule une nouvelle composition (Sacajawea)
très groove et au feeling boogaloo est présentée.
Sinon le reste du répertoire est constitué d'une
chanson celtique traditionnelle (She moves through the air), d'un
chant de Noël anglais du XII siècle (12th century
carol), d'une composition flamenca des années 30 que Miles
Davis lui fit connaître (Vendiendo alegria) ou alors de
la cinquième des Bachianas Brasileiras, une oeuvre inspirée
de Bach du maître brésilien Heitor Villa-Lobos ...
Epuré et touchant, Alegria propose à l'auditeur
une musique qui transcende les genres musicaux sans pour autant
négliger un des fondements du jazz, à savoir l'improvisation.
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