Goldfrapp se compose de deux personnes. Elle : sorte de Cindy
Lauper du XXIème siècle, lui Will Gregory (entre
autre compositeur de BO à ses heures creuses) créateur
musical et bidouilleur pour dancefloor. Mais c'est essentiellement
Alison qui donne le rythme et le timbre au duo, avec son coté
schizophrénique entre mur de béton et espace vert.
Venu il y a 3 ans d'un alpage imaginaire Felt Mountain lançait
le couple sur une originalité qui pouvait se résumer
ainsi : mélanger Ennio Morricone, une voix de tête
et des rythmes électroniques.
Black Cherry se devait de poursuivre sa lutte intestine entre
l'énergie de la ville et le calme de la campagne. C'est
du moins ce que tout le monde attendait. Seulement voilà,
Goldfrapp aime frapper là où on ne les attend pas.
Et plutôt que de suivre la mode qu'il avaient eux-mêmes
créée, ils se sont empressés de redevenir
précurseur d'un nouveau style.
Cette fois, c'est proche d'une disco-pop allemande qu'on retrouve
nos deux troublions. Alison revêt la combinaison de la parfaite
entraîneuse teutonne chère à Kurt Weill et
se laisse porter par des rythmes que Donna Summer aurait approuvé
en son temps. Train, la seconde chanson de l'album rappelle cette
musique électronique répétitive et les beats
lancinants sont brillamment placés. Goldfrapp, avec Tiptoe,
passe d'un début artificiel et mécanique, avec une
voix grave, à une conclusion de bande-son à cordes
et à un cri de cristal mourrant.
Sur Hairy Trees on retrouve l'atmosphère du premier opus
et sur Twist, du sexe en botte de cuir. Black Cherry, chanson
qui donne le titre à l'album, avec son atmosphère
plus sobre, pourrait en dérouter plus d'un parmi ceux qui
croyaient ce groupe uniquement abonné à la volubilité
et au surplus musical.
Essentiellement un album de synthétiseurs et de DJ set,
courant dans la modernité et slalomant entre des poutres
sales et antédiluviennes des codes passés, Black
Cherry rappelle que les frontières expérimentales
ne sont jamais aussi bien gardées que par des cerbères
voués au culte de l'imaginaire.
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