Les "Blue Series" du label Thirsty Ear se veulent une
rencontre entre le jazz d'avant-garde et l'électro à
tête chercheuse. Nous vous avions déjà présenté
un CD de la collection, Optometry par DJ
Spooky et ne pouvions vous laisser dans l'ignorance de cette
dernière découverte : DJ Wally.
On retrouve d'ailleurs ici la même rythmique assurée
par Guillermo E.Brown à la batterie, William Parker à
la contrebasse et Matthew Shipp au piano. Côté invités,
ça se bouscule aux portillons, Peter Gordon à la
flûte, Daniel Carter aux anches, Khan Jamal au vibraphone
et même le saxophoniste David S.Ware sur un titre. Tous
sont des musiciens issus de la scène free-jazz et ne sont
pas venus là pour faire de la figuration mais bien pour
mettre le feu à la poudre.
Car si le disque commence tranquillement à la flûte
et aux effets électroniques, la musique a vite fait de
s'emballer vers des rivages moins hospitaliers. Les rythmes du
batteur ou des boîtes à rythmes s'entrechoquent,
les samples se juxtaposent à la contrebasse et le piano
s'envole sans retenue. Seul le souffle de la flûte et le
son du vibraphone viennent tempérer les propos. La musique
oscille entre ambiance tribale et création hautement réactive,
elle semble peuplée d'esprits rebelles, de fantômes
insomniaques, de constructions sinueuses que viendrait balayer
d'un revers de clavier le solo fracassant de Matthew Shipp sur
la plage 8 (Paint by number).
Si certains morceaux sont plus facile d'approche, ce disque demande
sans aucun doute une écoute attentive et une disponibilité
de tous les instants. C'est à ce prix que s'ouvrira la
porte de ce Nothing stays the same mais si vous savez trouver
la bonne clé, vous ressortirez à la fois vidés
et ressourcés d'une énergie nouvelle.
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