Voilà qu'enfin sort Qui de nous deux où l'on s'aperçoit
que l'homme de 32 ans vient de changer son fusil-guitare d'épaule.
Profond bouleversement dans le cosmos musical, chamboulement et
visite extraordinaire sur un autre pan du personnage.
Cette mutation c'est certainement en grande partie grâce
à l'amour et la naissance de sa petite Billie née
en 2003 qu'il la doit et qu'il l'explique : "Cela peut paraître
un peu prout-prout, mais si le ton de cet album est dans l'ensemble
plus doux, c'est parce que quand ta petite fille âgée
de quelques mois dort dans la pièce à côté,
tu ne joues pas du hard-rock ". Au point de faire instantanément
jaillir cette fameuse question : fallait-il laisser tomber le
nez rouge de ce clown sans frontière pour passer directement
au Mathieu nature ? Seul l'avenir nous le dira.
On comprend à la première écoute que le
côté apaisé, plus tendre et moins amusant
est à coup sûr dû à sa paternité
mais aussi à son interrogation " M va t'il survivre
à son auteur ?". Comme tuer n'est pas chose facile,
le costume, rose cette fois, revient au pouvoir pour monter sur
les sunshines des tropiques de France et de Navarre.
C'est par une tournée post-sortie de l'album qu'il commença
le bal : " J'avais envie de remettre les choses dans le bon
sens, notre époque crée des stars médiatiques
sans vécu, on part d'un symbole et puis seulement on crée
l'histoire. C'est le monde à l'envers. L'industrie musicale
est conditionnée : sans disque, on ne peut pas tourner.
C'est plus logique et sain de digérer ses chansons, d'apprendre
à les jouer avec ses musiciens. Même si sur le disque
je suis plus perso et que je joue 80% des instruments. Disons
que sur album, M est mon nom d'artiste et que sur scène,
M est presque un nom de groupe. "
Ce dernier album n'aura peut être pas la chance de lui
faire jouer de la guitare avec les dents mais il est peut être
le plus bel album studio de M. L'intérieur est apaisé,
l'extérieur tente de le montrer. "Le bonheur apporte
la nuance, et parfois la souffrance" dit-il pour résumer
son disque. Mais aussi la tendresse sur : Sous ta peau, A tes
souhaits, Ma mélodie, C'est pas ta faute.
M, par la force des choses et des autres, devient plus mélancolique,
plus intime avec par exemple : Je me Démasque, une chanson
écrite par sa grand-mère, cette fameuse mamie qui
l'aiguille, qui l'aide à prouver non seulement son désir
de faire autre chose mais aussi son envie de se montrer tel qu'il
est au naturel.
Le double sens du garçon se divulgue également
dans ses chansons comme Le radeau qui essaie de parler pudiquement
du Sida sur des rythmes orientalisant ou encore de Psyko bug qui
décrit comment l'on devient un mercenaire de l'information.
La plante est donc plus carnivore qu'à ses débuts.
Qui de nous deux comme presque seul tube pop acidulé avec
un clip fait de jeux d'ombres et de lumières et cette fameuse
guitare baptisée du nom de sa petite fille. Le public semble
suivre ce virage car dès sa sortie, l'album s'est imposé
à la première place des ventes et les affiches annonçant
les concerts sont déjà presque toutes raturées
d'un : Complet.
C'est par un concept dualiste qu'il s'interroge pour savoir comment
retranscrire son double qui commence à peser face à
lui en brut. Surtout qu'il a décidé d'investir des
arènes très vastes et qu'il faut qu'il garde son
empreinte sur chaque paire d'yeux qui le scrutent. Pour se faire,
il pense à une première partie avec Matthieu Chédid
guitare, piano et M en groupe pour la seconde partie. "Cela
pourrait être le moyen de prendre les gens à contre-pied.
De voir si, au-delà du spectacle, on peut aimer ce que
j'ai à proposer. Ces temps-ci, je me demande parfois si
M ne pourrait pas être mis de côté. Ce qui
est le cas, d'ailleurs, quand je joue ou arrange pour d'autres
musiciens."
|