Michel Mainil a une double personnalité, derrière
son côté affable, aimable, toujours à lécoute
des autres, bien ancré dans son rôle de responsable
des programmes du Centre Culturel de La Louvière se cache
un jazzman, un vrai, un pur. Une personnalité qui éclate
sans aucune retenue sur son dernier album Water and other games.
Peut-on le comparer à Sonny Rollins lorsquil tire
de son saxo un son aussi chaleureux et feutré ou à
John Coltrane lorsquil se met à le faire souffrir
pour en sortir des sonorités audacieuses. Poser la question,
cest déjà y répondre.
Du jazz, du beau jazz ! Somme tout très classique mais
drôlement bien ficelé. Des reprises de Wayne Shorter,
de Thelonious Monk, ou de Sam Rivers; des compositions originales
du quartet et un accessit pour celle de Michel qui en débutant
lalbum en donne directement le ton.
Mais parlons de laccompagnement : Alain Rochette au piano
sadapte parfaitement bien aux différentes atmosphères
de lalbum et ce par un jeu précis, rythmé
et vigoureux à souhait. José Bedeur à la
contrebasse impose avec la régularité du métronome
le tempo et le batteur Antoine Cirri vibre parfaitement bien à
lunisson du quartet.
Quant à Michel Mainil, en parfait leader, il sait simposer
tout en laissant suffisamment despace aux autres musiciens.
Pas de notes inutiles, le respect dune tradition acquise
par sa longue expérience de sideman en Belgique et à
létranger.
Un musicien en pleine maturité, que lon sent bien
dans sa peau, digne de figurer parmi le gotha du jazz européen.
Une étape supplémentaire qui lui donnerait lassurance
nécessaire pour se laisser aller dans des compositions
plus fortes, encore plus osées.
Mais il faut laisser le temps au temps. Ne boudons pas le plaisir
découter cet excellent album et de découvrir
un autre visage de Michel Mainil. Celui du plaisir ! Waters and
other games est à savourer rapidement.
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