Sur la photo de la pochette, Jean-Michel Pilc sourit avec malice,
une invitation à le suivre
Peur d'être seul
? Seul, en tête-à-tête avec les touches noires
et blanches. Mais solitude ne rime pas avec ennui, bien au contraire.
Sur le ton de la confidence, le pianiste se livre à une
introspection tout aussi radicale que passionnante. S'il a mené
des projets audacieux et bouillonnants en trio,
ici le propos est moins brûlant, plus posé, le musicien
se transforme en plasticien, sculptant judicieusement l'espace
sonore. La modernité du jeu est perceptible partout, sur
des compositions personnelles, sur des standards de jazz signés
Sonie Rollins, Bill Evans, et plus étonnant, des titres
plus anciens comme St Louis Blues ou St James Infirmary, mais
aussi des chansons françaises, Les amants d'un jour, Les
copains d'abord ou Vous qui passez sans me voir. Quatorze titres
pour un exercice de style à la belle unité. Loin
d'une virtuosité inutile, Jean-Michel Pilc offre des petits
moments (la durée des morceaux excède rarement quatre
minutes) de finesse. Il s'offre aussi une version sifflée
de One for my baby, bel instant de détente.
Jusqu'où êtes-vous prêts à suivre Jean-Michel
Pilc ? Jusqu'au bout des cinquante-cinq minutes du CD pour commencer,
avant de filer le voir en concert.Un
grand, un très grand moment de piano.
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