La Belgique sera toujours le pays du surréalisme et de
limagination créatrice. La genèse de So happy
the curve, le dernier opus du pianiste belge Fred Wilbo en est
certainement l'un des meilleurs exemples.
Au départ, le musicien tournaisien sest inspiré
de 15 phrases extraites au hasard de loeuvre du poète
St John Perse pour laisser son imagination et son inspiration
les traduire en musique. Lenregistrement ne se fit pas dans
des conditions habituelles. Le piano en rien traditionnel est
un Bechstein concert de 1877 jalousement entretenu par son propriétaire.
Plus quun simple instrument, c'est un monument reconnu pour
son exceptionnelle sonorité par tous les pianistes.
Un an plus tard, Fred Wilbo proposa à Charles Loos (compositeur
de nombreuses musiques de jazz) de sinspirer des mêmes
phrases et de laisser à son tour son imagination gambader.
Même lieu, mêmes textes, même piano. Ainsi naquit
ce double album.
Le premier CD est bien sûr chronologiquement celui de linitiateur
du projet. Une musique dune grande sensibilité et
dune infinie douceur; des thèmes qui se retiennent
très vite, ( la marque de fabrique de Fred Wilbo), des
élans amoureux et passionnés doucettement introvertis
à limage de leur compositeur. Des atmosphères
que nauraient pas dénigré Eric Satie et plus
proche de nous Keith Jarret.
Le second enregistrement est celui de Charles Loos qui, pour
une fois, séloigne de son univers jazz pour écrire
de superbes mélodies nettement plus classiques, voire parfois
gerschwiniennes.
Rencontre entre des poètes qui au travers de mots et
dun piano ont laissé exprimer leur art, leur inspiration
et probablement ce quils avaient de mieux en eux : lamour
de lautre et de la musique tout simplement . So happy the
curve nest pas un album comme les autres.
|