Récompensé au dernier festival de Cannes, le nouveau
film d' Olivier Assayas, Clean, est une vraie merveille. Outre
un scénario bien construit, il offre une vision dérangeante
des maisons de disques et de son personnel. Cru, mais saisissant.
Si Libération n'hésite pas à dire que la
musique de Clean est "l'autre héroïne du film",
il serait peut-être plus juste de dire qu'elle est la meilleure
alliée de Maggie Cheung et de sa prestation. Il est vrai
qu'il est difficile de renoncer à l'émotivité
qu'apporte une telle bande originale a des images aussi crues.
Ex-femme d'un néo défunt du rock, Maggie Cheug
évolue dans un univers entre new wave, trip hop et rock
n' roll, qui enveloppe tout le coté dramatique, mais jamais
"mélo", de ce film saisissant : on a le droit
à un inédit de Tricky, mais aussi à un tube
vraiment accrocheur de la part de The Metric. Maggie Cheung se
met aussi au travail, et vient poser sa voix sur 5 titres. Comment
ne pas en être ravis ?
Les hauts et les bas d'une vie de femme, qui va se battre, pour
finalement percer dans la musique. La musique meurt, elle revit,
on revit avec elle. Une bande originale très "clean".
Selon Assayas, la musique qui accompagne ses images se doit d'être
une boussole. Elle est donc un être palpable, une entité
propre qui arrose l'image d'un plus indispensable. On se demande
même parfois si ce réalisateur n'aurait pas, par
mégarde, pris une caméra pour arrêter d'être
musicien.
Clean est donc ce film rock de la rentrée avec pour tête
d'affiche l'égérie de l'intelligentsia mondiale
: Maggie Cheung. Accompagnée du gros poivrot génial
de Nick Nolte, de Jeanne Balibar ou de Béatrice Dalle,
voici un film et par la force des choses une BO aux qualités
certaines.
Non content d'avoir un certain bon goût pour la mise en
lumière d'un sujet fort, ce réalisateur sait faire
un track-listing du tonnerre. En premier lieu : Miss Maggie hymself
qui chantonne plusieurs chansons sur le mode balade en pays anglo-saxon.
Après s'être essayée en compagnie de Jeanne
Balibar sur Paramour, elle s'adonne seule à ce difficile
exercice de mélange de style. Down in the light, Wait for
me, Strawberry stain, sont autant de moments tranquilles ou elle
pose sa voix grave pour se garantir un style personnel.
Elle a, de plus, la chance de pouvoir compter sur un loustic
qui s'appelle Tricky. Il vient murmurer sur un titre en compagnie
de sa nouvelle égérie Liz Densmore dans une chanson
: Breakaway, sexuelle aux percussions lancinantes de suavités.
La suite est plus classique dans la veine new wave avec un Brian
Eno pour 3 titres, le rock froid mais efficace de Metric et le
'Neon Golden' titre de l'album de Notwist. C'est donc un mixage
efficace entre des chansons organiques et des symbioses actuelles
de la génération sous programmation.
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