Aussi engagé que son père Fela Kuti (disparu en
1997 des suites du sida), Femi Anikulapo Kuti est un saxophoniste
remarquable jumelé à un extraordinaire show man.
Lui aussi donne dans l'afro beat pour dénoncer les injustices
de son peuple et d'une façon plus générale
celles du peuple africain.
Tel père, tel fils ! Tous deux ont ainsi développé
au Nigeria une prise de conscience politique et citoyenne unique
autour d'une musique sans équivalent !
Après un précédent et brûlant Fight
to win (2001), Africa Shrine apparaît comme un vibrant
témoignage enregistré à Lagos en mars 2004
dans le club mythique où Fémi Kuti a élu
résidence chaque dimanche.
Durant près de soixante-dix minutes a été
captée l'ambiance électrique d'une soirée
(quasi-ordinaire) comme seul le Shrine peut procurer. Accompagné
d'une vingtaine de musiciens et danseuses, le maître de
cérémonie se transforme alors en véritable
bête de scène, offrant souvent à son public
des prestations d'une durée de près de cinq heures
non-stop, allant jusqu'à l'épuisement ! Quant il
joue ainsi sa musique jusqu'à l'extrême, l'artiste
semble être animé par une énergie bienveillante
et captivante.
Pour cet album, Femi Kuti a soigneusement sélectionné
quelques-unes des plus belles pièces afro beat de son répertoire,
avouant lui-même qu'un tel projet live est celui qui lui
tient le plus à cur, reflétant ainsi parfaitement
sa réalité. A savoir celle du Shrine, de Lagos et
surtout celle du peuple nigérian.
On y découvre des morceaux n'ayant pour ainsi dire jamais
quitté le berceau du Shrine et qui après trois années
de labeur sont enfin dévoilés. Outre le classique
'97 et la reprise de Water no get enemy de Fela Kuti, des titres
comme Dem bobo, I wanna be free, 1, 2, 3, 4, Can't buy me, Shotan
dévoilent un subtil équilibre entre révolte
et sensualité, deux éléments indispensables
puisque fondateurs de la généreuse musique de son
auteur-compositeur.
Africa Shrine est complété d'un DVD exceptionnel
de plus de quatre-vingt minutes illustrant parfaitement cette
expérience unique. Réalisé par Raphaël
Frydman, ce documentaire propose musique, interviews et scène
de rue mais dresse avant tout le portrait d'un homme et d'un peuple
qui se battent.
|