Ce qui est charmant chez Kent c'est cette impression de désuétude
populaire du bistrot du commerce qui reviendrait en force, lustrée,
soignée et pleine de textes pointus sans jugements hâtifs
sur la société, bien au contraire c'est dans l'analyse
de nos cultures, de nos faits et gestes qu'il regagne un goût
rock et incisif. Une deuxième adolescence jouissive.
En artisan de la chanson française, ce bachi-bouzouk de
Cockenstock avec son " Bienvenue au Club " retrouve
ces petites gens qu'il chante si bien. 14 titres plus pointus
dans l'agressif que sur Cyclone et moins dérivant que son
mini-album électronique : Métropolitan . Avec derrière
la guitare électrique du chanteur, la France d'en bas qui
réfléchit et qui n'est pas uniquement une chèvre
de la variété.
Dénonçant la superficialité de nos existences,
Kent continue de dessiner ses petites saynètes des vies
de Charlie, ces histoires où la vie est rude mais où
l'on rie beaucoup aussi, un endroit où l'on prend des vessies
pour des lanternes. Après le passage acoustique et la tournée
de Je ne suis qu'une chanson où Kent prenait le pari de
retrouver son côté poulbot, il s'accompagne cette
fois de la jeune génération (Mickey 3D, La Grande
Sophie, M et d'autres) pour croquer un côté perdu
de sa personnalité.
Mi balade, mi crachat à la gueule du fade, Kent drague
notre envie de plaisir, même s'il chante " Le bonheur
ne me rend pas heureux " ou d'autres titres qui sont à
la limite punk et revendicateur d'un retour aux sources de Starshooter,
ce sont deux titres apaisés qui font de cet album un sacré
bon album : Mégalopolis, chanson jouée et chantée
d'une manière tendre en acoustique ainsi qu'Une chose où
l'amour est une pause stylisée en cur prête
à exploser.
Beautés fatales avec ses churs et gimmick pompiers
sortis de la patte de Matthieu Chedid explore un nouvel arpent
de Kent. Les Playback Boys, ces fondus du son vintage ont donc
servi de ciment à ses nombreuses collaborations pour la
réalisation et la mise en valeur de ce plat riche et consistant.
Sans oublier Romain Didier qui illumine la voix chaleureuse de
Kent dans une guirlande rock et agressive.
Pour connaître (un peu) ce personnage haut en couleurs,
toujours en train de souffler l'espoir et ne jamais sombrer dans
le désespoir (" Même si tu n'attends plus rien,
mourir te va mal, la vie te va bien
") quand tant de
chanteurs commercialisent leur bourdon (Mano-Solo) ou se font
rattraper par la société (Renaud), Kent persiste
à jouer en cavalier seul sur la ligne de démarcation
pour les enfants de prolo que nous sommes tous.
Voici donc le retour d'un vrai gentil plein de tendresse. Le
Jean-Paul Dubois de la musique esquisse une vie française
de citoyen du monde. En espérant que cette chronique vous
aille droit au cur comme cet album qui mérite d'être
un succès. D'ailleurs comme il le dit lui même "
Maintenant ce disque est ouvert à tous ". Le terrain
de jeu est prêt pour une excursion à l'un de ses
concerts!
En
savoir plus sur Kent.
|