On peut dire qu'il existe deux catégories de mélomanes,
deux types de dévoreurs d'albums : ceux qui s'attachent
à l'instrumentation pure, à la musicalité
d'un album et ceux qui s'intéressent plus à l'univers
décrit par l'auteur et compositeur, qu'à ses textes.
Les deux profils ne sont pas forcément opposés d'ailleurs
mais la recherche est différente.
A première vue, Julien Jacob ne peut séduire que
les premières personnes. En effet, ce jeune homme originaire
du Bénin est ce que l'on peut vraiment nommer un musicien.
Touche-à-tout, multi-instrumentiste, les qualificatifs
existent pour définir cet artiste qui s'est tout de même
spécialisé dans la guitare. Mais la particularité
de Julien Jacob est d'avoir créé sa propre langue.
Il déclame ainsi ses textes dans un langage authentique
et singulier qu'il est le seul à maîtriser. Alors
ce n'est pas une révolution, d'autres artistes l'ont fait
(Magma, Ekova ou plus récemment Nosfell) mais ce qui est
intéressant, c'est que celui-ci est au service de la musicalité.
Et ainsi, cet artiste peut, aussi surprenant que cela puisse paraître,
séduire la catégorie de mélomanes plus attachée
aux textes, aux univers décrits. Car Julien Jacob dessine
ainsi un imaginaire sans contour, sans limite. Sa musique fait
dans le suggéré et l'auditeur peut créer
son propre imaginaire.
Cet album : Cotonou, le second de l'artiste après Shanti
en 2000, est saisissant. L'univers sonore est captivant, au cur
des multiples influences de l'auteur, baigné entre la folk,
l'afrobeat, la musique malienne voire le jazz. La voix de Julien
Jacob utilisée comme un instrument est poignante, à
la fois douce et fragile mais aussi grave et profonde. Une voix
écorchée envoûtante qui ne peut laisser indifférent.
Il conte paraît-il tout au long des 12 titres de l'album
des histoires très personnelles que ce soit sur sa terre
natale l'Afrique, sur la petite enfance ou bien encore sur la
non violence. Bref, un album magnifique à découvrir
absolument.
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