On avait laissé Ginger Ale se reposer sur les lauriers
d'un premier album prometteur, Laid back galerie, connu pour héberger
la version première d' If , tube si réussi que son
interprète, Etienne Daho, en fit le point d'orgue de son
dernier album. On avait découvert à travers cet
opus un concept, peu répandu en France, qui voit les musiciens
électroniques inviter des chanteurs extérieurs à
habiller leurs bombes sonores.
Après Daho, c'est entre autres Michael Furnon (Mickey
3d) qui vient à son tour épauler Ginger Ale sur
Daggers drawn. Mais avant tout, l'univers du groupe se révèle
transcendé par l'arrivée en son sein d'une voix
sublime, celle d'Angèle, qui illumine de son timbre cristallin
les meilleurs titres de ce second album (The rules of the market,
Un été dans le vent, Dreams of floating).
Alternant trip-hop aérien, pop gracile, ballades éthérées
et énergie dancefloor avec le même bonheur, ses géniteurs
ont donné à Daggers drawn toutes les couleurs de
leurs humeurs. On pense à Archive, Air ou Autour de Lucie.
Puis on ne pense plus à rien, hormis à Ginger Ale,
qui digère trop ses influences pour ne pas se forger un
son unique. Stéphane, le maître d'uvre du projet,
a trouvé dans cette diversité une cohérence
et devrait laisser derrière lui les incertitudes du music
business. The rules of the market, énorme morceau inaugurant
l'album, évoque avec cynisme mais sans rancur les
mésaventures qui ont entravées la conception de
Daggers drawn.
Né littéralement à couteaux tirés,
voici pourtant un disque bel et bien serein, qui nous confirme
dès son premier cri que ses parents, sûrs de leur
potentiel, se portent à merveille.
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