Il y a une tendresse particulière qui flotte au dessus
de Dick Rivers. On se dit que dans une réalité parfaite
il aurait du chanter Coeur de rocker ou On a tous en nous quelque
chose de Tennessee, que justice aurait été faite
s'il avait rempli les Stades de France et qu'avec lui on aurait
peut-être plus rigolé à la fête de mariage
en reprenant Rio Grande. Ces titres et tant d'autres qui parlent
de l'autre côté de l'Atlantique étaient pour
Rivers et personne d'autre.
Autant les deux autres yé-yé (Smet et Moine) peuvent
paraître idiots et inadaptés dans les tiags de chanteur
made in USA post sixties, autant Dick a quelque chose qui nous
oblige à le respecter.
Ce nouvel album, celui du come-back, ressemble à un film
en cinémascope où le héros, un cowboy fatigué,
dégrossi par des années de vache maigre, se présenterait
face à une caméra avec un coucher de soleil en toile
de fond. Accompagné de mercenaires venus lui prêter
leurs colts sur un 13 coups médiatique, il est et restera
jusqu'à la mort l'anti-mode qui fera renaître les
rouflaquettes et la banane dans nos coeurs.
L'autocritique et l'analyse que ces jeunes gens de la nouvelle
génération de la chanson française (M, Biolay,
Mickey 3D ou Miro) font de cette référence un fruit
encore vert ou simplement mur pour la récolte des félicitations.
De son vrai nom Hervé Fornéri, par sa voix grave
et juste est un vrai puriste qui trouve enfin le holster à
sa hauteur. DK est un interprète dont l'instrument old-school
vintage vocal sait faire sonner les mots et les guitares dans
une actualité immédiate rappelant l'âge d'or
du King. Mitch Olivier plus à l'aise depuis quelques temps
avec le hip hop réalise un disque à la carte. Le
menu est alléchant. Fini Austin pour l'enregistrement ou
Nashville mais bonjour gaieté d'ICP sur Bruxelles.
Qui serait capable de chanter Ode à Dick et parler de
lui à la troisième personne comme Delon en sachant
pertinemment ce qu'il fait. Personne ! Qui pourrait causer d'Elvis
sans être ridicule : Dick. Qui saurait poser son organe
vocal sur une biguine, Ma doudou, composée par Mathieu
Boogaerts sans prendre un coup de bâton sur les doigts :
toujours le même.
Mickey 3D a peut être décomplexé de toutes
ses tares la baleine Dick comme il avait su le faire avec Jane
Birkin. Nous avons devant nous un vrai chanteur populaire qui
n'est jamais aussi bon que lorsqu'il interprète des ballades
à la fois tristes et émouvantes comme Tout se consume
et La Nuit ou je vis sur une île avec des guitares caressées
au tesson de bouteille.
L'album cohérent de ce caméléon capable
de s'adapter à divers styles prouve que le poids des années
est une bénédiction. Il faudra donc avec cet opus,
remettre les pendules à l'heure et s'imaginer que le petit
niçois devenu grand se porte comme un charme et nous le
fait savoir. Dick is back !
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plus sur Dick Rivers.
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