En quelques années, le pianiste Bojan
Z est devenu un pianiste de référence sur la
scène européenne du jazz. Il a jalonné son
parcours musical de différents projets discographiques
audacieux, tirant l'essence indispensable des grands maîtres
du jazz et de la musique populaire des Balkans. Du solo périlleux
à la recherche de ses racines d'Europe de l'Est en quintet
ou au trio
américain, chacun de ses enregistrements a su trouver
un accueil positif aussi bien auprès des critiques que
du public.
Ce dernier enregistrement est une synthèse de toutes ces
quêtes. Remontant à son adolescence avec une version
d'Ashes to ashes de David Bowie ou de The mohican and the great
spirit d'Horace Silver, le son "dirty" du clavier trafiqué
sur certains titres nous renvoie quant à lui à l'aventure
de Trash Corporation (groupe collectif dans lequel on retrouvait
Julien Lourau, Noël Akchoté, Daniel Casimir
).
L'influence d'Henri
Texier se fait sentir sur les lignes rythmiques, le blues
est présent au même titre que la musique des Balkans,
jusqu'à sa plus récente expérience en trio.
Xenophonia est un album où les idées fourmillent
et où la musique ne connaît pas de temps mort. Une
rythmique percutante formée du contrebassiste Rémi
Vignolo et de Ari Hoenig en alternance avec Ben Perowsky à
la batterie porte les élans du pianiste avec insistance.
La clarté du piano acoustique offre diligence et mélodie
que les distorsions des autres claviers s'empressent de déchirer
pour aiguiser nos oreilles attentives. Karman Lutzkanov vient
compléter ces trios sur deux titres avec une flûte
orientale, la kaval.
Bojan Z nous confie là un grand disque en forme de parenthèse
qui nous réjouit et nous donne envie de réécouter
ses précédents enregistrements. Avant de partir
vers de nouvelles aventures ?
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