Je n'aurais
pas été crédible. Imagines toi si j'avais revendiqué
que je venais de la banlieue et que j'en avais chié
La sauce aurait pu prendre à une grande échelle. Une
imposture comme ça j'aurais pu la monter mais les mille cinq-cent
personnes qui me connaissent à Cergy savent très bien
d'où je viens. Jamais je n'aurais pu remettre les pieds chez
moi si j'avais chanté " je viens de tel quartier et
ma vie est naze ".
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D'ailleurs
tu revendiques plutôt être un enfant qui vient
certes de la banlieue mais de la banlieue privilégiée
?
Je suis quelqu'un de la middle-classe. Ma mère avait
un appartement dans le quartier de la préfecture. Putain
! C'était un autre confort que celui où vivaient
mes potes. Car eux habitaient dans des cités cramoisies
puant la pisse qui n'avaient pas été rénovées
depuis vingt-cinq ans. Ca je peux le chanter mais je n'ai
pas le droit de dire que je l'ai vécu personnellement.
Nougaro
aurait voulu être Louis Armstrong. Et toi aurais-tu
aimé naître à la Nouvelle Orléans
et être Chuck E Weiss ou Tom Waits ?
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J'aimerais bien
leur ressembler ! Mais avoir des influences est-ce vraiment vouloir
leur ressembler. Disons qu'ils peuvent me nourrir. On commence tous
à mon avis à faire " comme ". C'est bien
de copier dans un premier temps pour s'en éloigner ensuite.
Sinon ça peut devenir très vite chiant ! Mais j'aurais
voulu être comme Billie Holiday même si c'est une femme
par exemple !
Tu
reprends Jimmy Cox sur ton album ?
Lui c'est plus la chanson. Je pensais que " Nobody knows you
" était une chanson dont on ne connaissait pas l'auteur.
C'est vraiment la chanson blues la plus terrible avec cette idée
de chanter j'étais riche et maintenant je suis pauvre
tout s'abat sur ma tête
Apparemment Nino Ferrer en a
fait une adaptation qui s'appelle Le Millionnaire.
Tu
chantes le Métro comme tu l'as connu en qualité de
busker (saltimbanque en anglais). Etait-ce une bonne école
de la vie ?
De la vie, de la chanson, de la musique. C'est un truc que je ne
regrette pas d'avoir fait.
Est-ce
en jouant seul face aux gens dans une rame de métro que tu
comprends qu'Anis sera un artiste et pas un membre de groupe ?
Anis c'est mon projet ! Mais là depuis la tournée,
avec les musiciens on commence à jouer comme dans un groupe.
On fait gaffe à être homogène. Mais j'ai toujours
voulu faire un peu la vedette donc autant aller au fond du truc
(rire).
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Les
métiers alimentaires t'ont-il permis d'être plus
fort face aux requins des maisons de disques ?
Ah ouais terrible ! Tous les clichés, même les
pires, tu peux les multiplier par dix qu'ils restent encore
vrais. Mais il y a aussi de super personnes à rencontrer.
Par
contre Mitch Olivier (Rita Mitsouko, Bashung) à la
réalisation de ton disque, c'est aussi la maison de
disques qui te l'a dégoté ?
C'est le confort que la maison de disques m'apporte. Je n'avais
pas de réalisateur à proposer. Ce fut une bonne
rencontre. Il n'était pas évident au départ
qu'un mec que tu ne connais pas du tout puisse fonctionner
avec toi. Il a un gros caractère. Moi aussi ! Nous
sommes donc passés par toutes les phases : on s'est
" claché ", on s'est " kiffé
" pour avoir un bon résultat au final et c'est
ça qui compte !
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C'est
de lui que vient cet Onde Amère joué à l'onde
Martenot en prélude à Pensées Amères
?
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